L'ancien trader de la Caisse d'Epargne Boris Picano-Nacci, poursuivi pour avoir outrepassé son mandat et fait perdre quelque 315 millions d'euros à la banque en 2008, s'est désisté mercredi de son appel à l'ouverture de son procès, a indiqué son conseil, Me Martin Reynaud.

Poursuivi pour abus de confiance, Boris Picano-Nacci avait été condamné, en janvier 2013 et en première instance, à 2 ans de prison avec sursis ainsi qu'à rembourser intégralement le montant de la perte que lui attribuait la banque, devenue membre du groupe BPCE.

Selon des informations de presse, le trader aurait conclu un accord avec son ancien employeur, prévoyant le désistement du trader et le renoncement, pour la banque, à être indemnisée. Interrogés par l'AFP, BPCE et le conseil de Boris Picano-Nacci ont refusé de commenter ces informations.

315 millions d'euros de perte

La Caisse nationale des Caisses d'Epargne (CNCE) avait porté plainte contre le trader en octobre 2008, l'accusant d'avoir outrepassé son mandat en prenant des positions « hautement spéculatives » sur les marchés des dérivés, des produits financiers dont l'évolution est liée à d'autres produits ou à des indicateurs de marché. Quelques mois auparavant, elle avait décidé d'arrêter son activité d'investissements de ses fonds propres et assure avoir demandé à ses traders de solder leurs positions sans nouvelle prise de risques.

Après que son trader a informé la direction de ses pertes et présenté sa démission, la banque avait débouclé ses positions en urgence sur des marchés alors en chute libre, ce qui avait fait grimper les pertes à un montant estimé à 751 millions d'euros à la fin octobre 2008.

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Mais la perte imputée par la banque aux agissements de Boris Picano-Nacci s'élève à 315 millions d'euros. Le reste découle de fautes professionnelles de sa part, qui ne relèvent pas de la justice pénale, selon l'avocat de la banque, Me Jean Reinhart.

« Pas d'abus de confiance » selon le trader

Boris Picano-Nacci avait reconnu avoir fait de mauvais investissements en septembre-octobre 2008, alors que les places financières mondiales étaient en pleine crise. Mais il avait assuré n'avoir jamais eu conscience d'outrepasser son mandat, encore moins d'enfeindre la loi.

« Il a eu tout à fait raison à l'époque de faire appel du jugement d'un tribunal qui n'avait même pas pris la peine de répondre aux arguments exposés en fait et en droit, démontrant qu'il pouvait se voir reprocher des erreurs de trading, mais en aucun cas un abus de confiance », a commenté Me Reynaud. « Il a aujourd'hui estimé qu'il avait intérêt à ne pas poursuivre ce recours », a-t-il ajouté.