Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a déclaré mardi ne pas avoir soutenu la relance du programme de rachats d'actifs de la Banque centrale européenne lors de son dernier conseil des gouverneurs le 12 septembre.

« Je n'étais pas favorable à la reprise des achats nets d'actifs parce que je pensais que des achats supplémentaires ne sont pas nécessaires actuellement », a dit le gouverneur dans un discours à l'Ecole d'économie de Paris.

Il a expliqué qu'il n'y était pas opposé par principe et qu'il soutenait les autres mesures d'assouplissement monétaire qui avaient été annoncées, mais que la relance de ces achats ne se justifiait pas aujourd'hui avec « des niveaux très faibles à la fois des taux d'intérêt à long terme et des primes de terme, qui ont continué à décroître significativement depuis que nous avons stoppé les achats nets fin décembre ». Les « primes de terme » sont liés au surcoût de l'achat d'une obligation de long terme par rapport à titre de terme plus court.

La relance des achats d'actifs à hauteur de 20 milliards d'euros par mois, annoncée par le gouverneur sortant de la Banque centrale européenne Mario Draghi a semé la zizanie au sein de l'institution, le président de la Bundesbank, l'Allemand Jens Weidmann, estimant notamment que M. Draghi avait « dépassé les bornes ».

Aligné sur ce point avec l'Allemagne

Villeroy de Galhau, aligné cette fois et sur ce point précis avec les pays traditionnellement partisans d'une politique monétaire plus restrictive comme l'Allemagne et les Pays-Bas, n'avait pas jusque là défendu cette position publiquement, même si son point de vue avait déjà été relayé par une source proche de l'Eurosystème.

Devant les chercheurs réunis à l'Ecole d'économie de Paris, le gouverneur de la Banque de France a expliqué avoir soutenu le fait de déclarer que les taux d'intérêt ne remonteront pas avant que l'inflation converge à un niveau proche de 2% (« forward guidance »), tout comme les mesures d'atténuation des effets négatifs pour les banques des taux d'intérêt négatifs (« tiering »).

« Quelqu'ait été le débat au sein du conseil des gouverneurs, allons de l'avant et soulignons un message clair qui fait l'unanimité : la politique monétaire a, une fois de plus, fait son devoir », a encore déclaré M. Villeroy de Galhau, qui a de nouveau appelé les pays ayant des marges de manœuvre budgétaires à les utiliser, sans toutefois citer l'Allemagne nommément.