Plus d'un Français sur 3 est à découvert ou l'a été au cours des 12 derniers mois : voilà le principal enseignement de notre enquête annuelle sur la situation budgétaire des Français, réalisée en partenariat avec YouGov France (1). Plus grave, le montant moyen de ces découverts a tendance à augmenter.

36% : c'est la part de celles et ceux qui finissent parfois le mois dans le rouge, selon le sondage réalisé par notre partenaire YouGov. Elle est stable par rapport à la précédente vague de notre sondage, réalisée en août 2022. Cela constitue plutôt une (bonne) surprise, après 12 mois de forte inflation (6,1% en moyenne au 2e semestre 2022, 5,6% au 1er semestre 2023).

Attention toutefois : en creusant un peu dans les chiffres, on trouve bien des traces de l'impact de cette séquence de hausse des prix, inédite depuis 40 ans. À commencer par le montant des découverts subis, qui a tendance à augmenter. L'an passé, 27% d'entre eux étaient inférieurs à 100 euros et 22% compris entre 100 et 199 euros. Cette année, ces pourcentages se sont inversés : 22% sous 100 euros, 27% entre 100 et 199 euros. Les « trous » de plus de 500 euros sont également plus fréquents : 20% en 2023 contre 16% en 2022.

La fréquence des découverts bancaires, elle, évolue peu. 22% des sondés passent dans le rouge tous les mois (contre 23% en 2022), 41% sont à découvert au moins 5 fois par an (comme en 2022)... Pour autant, le contexte inflationniste imprègne les esprits : 77% des sondés ont le sentiment d'avoir été davantage à découvert sur les 12 derniers mois, et même 26% beaucoup plus.

Autre signe de l'angoisse budgétaire des Français, 53% des personnes interrogées anticipent plus de découverts dans les mois à venir, quand bien même l'inflation commence à refluer.

Être parent, facteur aggravant

Y a-t-il un profil type des Français à découvert ? Pas vraiment : le phénomène concerne toutes les catégories socio-professionnelles, y compris les CSP+, dont un tiers passe parfois dans le rouge. Tous les découverts, il faut dire, ne sont pas consécutifs à des difficultés financières. Si c'est le cas la majorité du temps (53%), les comptes passent également en négatif en raison d'une dépense ponctuelle non prévue (33%) ou par inattention (23%).

Le niveau des revenus est évidemment un facteur aggravant : sans grande surprise, ce sont les CSP- (45%) et les personnes sans emploi (44%) qui sont les plus susceptibles de finir le mois dans le rouge. Un autre critère ressort pourtant des chiffres compilés par notre partenaire : le fait d'être parents. 47% des personnes avec enfant ont ainsi subi un découvert récent, contre 31% des autres.

Des incidents de paiement près d'une fois sur deux

Il faut le rappeler : mettre son compte en position débitrice n'est pas forcément une catastrophe. Les découverts autorisés, c'est-à-dire restant dans les limites de montants et de durée négociées avec sa banque, coûtent relativement peu chers, en tout cas pas au point d'aggraver encore votre situation financière.

Les découverts ne commencent à réellement poser un problème que lorsqu'ils sont récurrents, signe d'un déséquilibre budgétaire chronique, et surtout quand leur montant dépasse l'autorisation accordée. Là, l'addition des frais facturés monte très rapidement, les banques françaises ayant la main particulièrement lourde sur les frais d'incidents. Des incidents, pourtant, qui ne sont pas rares. Selon notre sondage, 11% des personnes qui ont subi un découvert ces derniers mois ne disposent pas d'autorisation de découvert, et 35% en ont une, mais l'ont dépassé.

Difficultés financières : quelles sont les alternatives au découvert bancaire ?

Infographie sondage découvert septembre 2023

(1) Etude YouGov France pour MoneyVox, réalisée sur 1 025 personnes représentatives de la population nationale française âgée de 18 ans et plus. Le sondage a été effectué en ligne, sur le panel propriétaire YouGov France, du 06 au 07 septembre 2023.