Les taux directeurs de la Banque centrale européenne, déjà au plus haut depuis près de 15 ans, devront encore augmenter pour lutter contre l'inflation en zone euro, a estimé le président de la Banque fédérale d'Allemagne dans une interview mardi.

La BCE a relevé au total de 3,75 points de pourcentage ses taux depuis juillet de l'année dernière, un rythme inédit dans l'histoire de l'institut monétaire.

« Mais l'inflation est également extrêmement élevée » et « nous n'avons pas encore fini : les taux d'intérêt devraient continuer à monter », déclare Joachim Nagel, patron de la « Bundesbank », dans une interview à la Frankfurter Allgemeine Zeitung.

Le banquier central ne donne pas d'indication du niveau visé pour le principal taux sur les dépôts bancaires. Jeudi dernier, la BCE a décidé une hausse des taux limitée à 0,25 point de pourcentage, après plusieurs sauts de 0,75 puis 0,50 point.

Freiner l'économie pour briser l'inflation

M. Nagel, classé parmi les « faucons » adeptes d'une politique monétaire restrictive, indique qu'il n'aurait pas été contre une nouvelle hausse de 0,5 point. Ce qui compte en définitive est que la BCE ne fasse « pas de pause » dans le resserrement monétaire en cours, ajoute-t-il : « les gens ont maintenant l'impression que la politique monétaire freine l'économie » et « il le faut, si c'est pour briser l'inflation ».

La hausse des prix a navigué en avril encore bien au-dessus de l'objectif de 2% en zone euro, regagnant 0,1 point de pourcentage, à 7,0%, après des mois de ralentissement. En Allemagne, l'inflation a certes de nouveau reculé en avril à 7,2% sur un an, mais uniquement sur fond d'accalmie des prix de l'énergie.

M. Nagel a par ailleurs salué l'autre décision prise jeudi dernier par la BCE, consistant à accélérer à partir de juillet la réduction du bilan de la banque centrale, encore gorgé d'obligations acquises durant les années de faible inflation.

Le chef économiste de la BCE Philip Lane a indiqué mardi que les taux d'intérêt restent le principal outil de lutte contre l'inflation, la réduction du bilan de l'institut étant au second plan. Il n'y a « pas de limite supérieure au sens technique pour les taux directeurs », a-t-il déclaré lors d'un débat économique à Berlin, laissant ainsi entendre que d'autres hausses sont à venir.