Les dirigeants de la Banque centrale européenne ne sont « en rien obligés » de reproduire lors de la prochaine réunion de décembre la hausse de taux « jumbo » de 0,75 point décidée lors de ses deux dernières réunions, a affirmé vendredi le gouverneur de la Banque de France.

« Nous ne sommes pas abonnés à ce qu'on a appelé des hausses jumbo », a dit François Villeroy de Galhau au cours d'une interview dans l'émission en ligne Ecorama, affirmant que les gouverneurs de l'institution ne sont « en rien obligés lors de notre prochaine réunion de reproduire la hausse à 75 points de base que nous avons (décidée) en septembre puis en octobre ».

L'inflation dans la zone euro a frôlé les 10% en septembre, soit près de cinq fois l'objectif de 2% de la BCE, justifiant selon ses dirigeants des hausses de taux inédites. Comme d'autres banques centrales, la BCE riposte par des mesures visant à freiner la demande en rendant le crédit plus coûteux pour les ménages et les entreprises.

L'inflation comme boussole

« Notre boussole c'est l'inflation », a poursuivi le gouverneur de la Banque de France vendredi, le jour de la publication des chiffres de l'inflation en France pour octobre montrant une nouvelle accélération à 6,2% sur un an après deux mois de ralentissement.

A mesure que les taux d'intérêt de l'institution augmentent, les craintes de récession grandissent dans le même temps car ces hausses ont pour objectif clair de ralentir l'activité économique, une activité déjà très mise à mal par la guerre en Ukraine. Selon M. Villeroy de Galhau, « trop d'inflation c'est mauvais pour la croissance ».

« L'inflation c'est une maladie de l'économie », a-t-il poursuivi, estimant que « comme toute maladie, plus on la traite tôt moins le traitement doit être lourd ». Pour la France, le gouverneur a estimé que s'il y a une récession, elle sera « limitée et temporaire ».

Il est trop tôt pour mesurer les effets de la politique monétaire sur l'inflation, a-t-il par ailleurs dit vendredi, rappelant que les délais de transmission des décisions monétaires sur l'économie sont entre un et deux ans.