Présentées comme la conséquence de la baisse de fréquentation et de la situation économique, les fermetures d’agences n’épargnent aucuns réseaux. Mais certaines banques battent tous les records.

Confrontées à une rentabilité jugée insuffisante de leur banque de détail et face à la baisse de fréquentation des agences, les établissements bancaires ferment ces dernières années à tour de bras. Résultat, depuis 1998, d’après les données exclusives de notre étude réalisée avec Infostat Marketing, le territoire métropolitain s’est déplumé de 12% de son réseau. Sur les 10 dernières années, les suppressions s’accélèrent : entre 2010 et fin 2020, les banques françaises ont baissé le rideau de plus de 3 750 agences, soit une perte de 9% en une décennie. Plus précisément encore, cette chute est plus massive encore après 2015, avec un réseau amputé de plus de 2 900 points de vente en 5 ans (1).

Evolution du nombre d'agences bancaires de 2010 à 2020

HSBC, BNP et Société Générale, championnes des fermetures

Certaines banques ont la gâchette plus rapide que d’autres. Il s’agit principalement des banques nationales, pour les différencier des groupes mutualistes. Ainsi, HSBC – qui va a priori payer 1 milliard d’euros au fonds d’investissement Cerberus pour parvenir à se défaire définitivement de son réseau d’agences – a déjà fermé 27% de ses points commerciaux entre 2010 et fin 2020, soit 97 agences. Il en restait l’an dernier environ 270 selon Infostat Marketing. Vient ensuite BNP Paribas qui a dit au revoir à 500 agences (soit 22% de son réseau) en une décennie.

Depuis 2010, la Société Générale a, quant à elle, perdu près de 400 points de vente - dont 380 depuis 2015 - soit 17% de ses agences. Fililale du groupe Société Générale, le Crédit du Nord s’est lui séparé d’un peu moins de 70 agences entre 2010 et 2020. Et ce groupe bancaire anticipe de nouvelles suppressions à l’occasion de la fusion de la banque de détail Société Générale avec le Crédit du Nord. Ce rapprochement pourrait en effet se traduire par la disparition de 600 agences d’ici à 2025, soit 22% du réseau actuel cumulé de ces 2 enseignes.

LCL, dont le patron regrettait récemment la perte d’efficacité commerciale, est passé de 1 900 agences en 2010 à quelque 1 660 agences.

Un quart de bureaux de poste en moins en 10 ans

Les services bancaires de la Poste sont commercialisés dans les points de contact, scindés en deux types de guichets : les relais poste commerçants et agences postales communales, où il est possible d'accéder à des services de dépannage (dépôt ou retrait d’argent), et les bureaux de poste où l’ensemble des opérations financières sont accessibles (virement, ouverture de compte d’épargne, montée en gamme de carte bleue, dépôt ou retrait d’espèces, chèques de banques...). C'est ce deuxième type de guichet qui s'apparente le plus à une agence bancaire de plein exercice. Or, si le réseau total de la Poste est resté plutôt stable entre 2010 et fin 2020 (17 000 d'après la communication de la Poste en tenant compte des relais commerçants, 14 000 sinon), le nombre de bureaux de poste a lui fondu de 25% en 10 ans, passant de 10 300 guichets à moins de 8 000 aujourd'hui.

Des pratiques hétéroclites chez les mutualistes

A l’opposé, les banques mutualistes, à l’exception de la Caisse d’Epargne (-480 agences en 10 ans, soit 11% de son réseau) et du Crédit Agricole (-622 points commerciaux soit une perte de 10% de ses agences en 10 ans), se montrent un peu plus sur la réserve. Ainsi, par exemple, le Crédit Mutuel n’a supprimé, en net, que 85 agences depuis 2010, soit 3% de son réseau bancaire métropolitain. Cela n’empêche toutefois pas cette enseigne d’opérer un rééquilibrage en faveur essentiellement du nord et du sud de la France, au détriment de ses deux bastions historiques que sont l’Alsace et la Bretagne.

Cette disparité entre établissements mutualistes et banques nationales est le fruit de l’histoire, de l’organisation et de la stratégie différente de ces deux types d’acteur bancaire. « L’image des banques mutualistes – Crédit Agricole, Banque Populaire, Caisse d’Epargne et Crédit Mutuel – est liée à leur ancrage territorial. Ce sont des groupes composés de caisses régionales qui souhaitent avoir un maillage dense pour assoir leur puissance locale, explique à MoneyVox Marin Delattre, expert en banque de détail pour le cabinet Sia Partners. Les banques comme BNP Paribas, Société Générale ou encore HSBC sont des banques des métropoles, avec des clients plus urbains qui ont la possibilité de se rendre dans le quartier d’à côté si leur agence ferme ».

Cliquez sur les flèches pour faire défiler les cartes de chaque enseigne bancaire ou cliquez sur la miniature pour visualiser la carte de votre choix.

Pour la Fédération bancaire française, la baisse du nombre d'agences, qualifiée de « respiration du réseau », doit être relativisée, car elle résulte de l'évolution des comportements des clients, insiste la FBF. « Il est extrêmement difficile de comparer les chiffres des années 2000 et ceux d’aujourd’hui, surtout concernant la fréquentation des agences bancaires, explique à MoneyVox la Fédération bancaire. En effet, les banques innovent, et s’adaptent aux évolutions de la société et aux besoins de leurs clients. Aujourd’hui, 83% des Français estiment que la banque idéale doit permettre à chacun de choisir entre services digitaux et agences en fonction des besoins. Pour 86%, l'accès à distance aux services bancaires est rassurant ; 66% des Français, soit plus de 33 millions, ont téléchargé au moins une application bancaire, et 92%, soit près de 47 millions de personnes, consultent le site internet de leur banque. Les clients n’ont désormais plus besoin de se rendre en agence pour accomplir les opérations les plus simples. Les besoins ont évolué et, si la proximité physique, via les agences, est toujours assurée grâce à un maillage territorial dense – 36 000 agences sur tout le territoire [entre 32 000 et 38 000 à fin 2020 selon le périmètre pris en compte par Infostat Marketing, ndlr] –, elle est désormais aussi digitale ».

Consulter notre classement des banques les moins chères

(1) Cette estimation tient compte de l’ensemble du réseau La Poste, composé de plus de 14 000 points de vente, y compris donc les agences communales présentant un service bancaire de pur dépannage, centré autour du retrait et de dépôt d’espèces et chèques.