L'ancien trader Jérôme Kerviel, lourdement condamné en 2010 pour une perte record à la Société Générale, dépose une nouvelle plainte contre la banque, pour « faux et usage de faux ».

Me David Koubbi a fait état d'« enregistrements sauvages » de Jérôme Kerviel réalisés en 2008 par la Société Générale, qui ont été « coupés, trafiqués ». C'est « la raison pour laquelle nous déposons plainte entre les mains du procureur de la République pour faux et usage de faux, car le discrédit de cette pièce a eu pour conséquence la manipulation de la justice lorsqu'elle a condamné » Jérôme Kerviel, a-t-il expliqué.

Enregistrements trafiqués

« La cour d'appel nous a autorisé la semaine dernière à avoir accès à un certain nombre de scellés : l'un consiste en des enregistrements sauvages réalisés à l'insu de M. Kerviel, qui avait été convoqué dans les locaux de la Société générale et enregistré illicitement à son insu pour obtenir des aveux de sa part, entre le 19 et le 20 janvier 2008 », a déclaré l'avocat. « Sur douze heures de présence, il y a des coupures, qu'on ne s'expliquait pas, la totalité de ces blancs constituent près de six heures. Nous avons désigné des experts informatiques (...) selon leurs conclusions, ces bandes ont été trafiquées ». Or « ces pièces avaient été présentées de A à Z commes les aveux de M. Kerviel », a insisté l'avocat.

Jérôme Kerviel, 35 ans, a évoqué lui-même un morceau de conversation qui n'est pas apparu dans les enregistrements : « Je me souviens très bien avoir interpellé un de mes supérieurs, lui disant tu étais au courant de ce que je faisais. (...) Il s'était fait exfiltrer de la salle à ce moment-là ».

En appel à partir du 4 juin

Cinq semaines avant l'ouverture de son procès en appel, l'ancien trader donnait là « sa première conférence de presse depuis 2010 », selon son avocat. En première instance, le tribunal correctionnel avait jugé Jérôme Kerviel seul responsable du cataclysme qui avait bien failli couler la Société Générale début 2008, en pleine crise financière mondiale.

Le jeune homme avait été condamné le 5 octobre 2010 à cinq ans de prison dont trois ferme et à des dommages et intérêts colossaux de 4,9 milliards d'euros, correspondant à la perte subie par la banque. Il doit être de nouveau jugé du 4 au 28 juin. Au cours de la conférence de presse, il a assuré n'avoir « jamais, jamais détourné ni volé le moindre centime ». « Je nourris l'espoir d'une réformation du jugement en appel », a-t-il ajouté.