L'ancien trader Jérôme Kerviel, lourdement condamné en 2010 pour une perte record à la Société Générale, a « déposé plainte vendredi contre la banque pour escroquerie au jugement », a déclaré à l'AFP son avocat, Me David Koubbi, confirmant une information donnée à Europe 1.

Il accuse la Société générale d'avoir trompé le tribunal correctionnel de Paris en ne l'informant pas du fait que la banque avait récupéré, grâce à un dispositif fiscal, 1,7 milliard d'euros sur les 4,9 milliards qu'elle estime avoir perdus à cause de Jérôme Kerviel. La plainte est déposée « pour une raison assez simple (...) c'est qu'elle (la Société Générale) a omis de dire qu'elle a reçu de façon indue une somme de la part de l'administration fiscale d'un montant de 1,7 milliard d'euros », a-t-il dit à Europe 1. Selon Me Koubbi et certains experts-comptables, la banque n'aurait pas dû bénéficier de cette déduction, puisque ses systèmes de contrôle s'étaient avérés défaillants dans cette affaire.

Une ristourne fiscale légale pour la SG

Mais la Société Générale affirme, de son côté, avoir agi en toute transparence et légalité. L'avocat a déjà demandé, la semaine dernière, aux parlementaires une commission d'enquête sur cette ristourne fiscale obtenue dès 2008 mais dont il n'avait pas été fait état durant le procès de Jérôme Kerviel.

Par ailleurs, Me Koubbi a déclaré, dans son interview à Europe 1 : « Nous découvrons dans la volumétrie tout à fait extraordinaire des documents qui composent le dossier qu'il existe un document où il est écrit que la Société Générale a fait elle-même » des « opérations fictives (...) avant le 18 janvier, qui est le dernier jour où M. Kerviel était dans les locaux de la Société Générale, et puis postérieurement, le 21 janvier 2008, lorsqu'il n'était plus dans les locaux de la Société Générale ».

En première instance, le tribunal correctionnel de Paris avait jugé Jérôme Kerviel seul responsable d'une perte de 4,9 milliards d'euros subie par la Société Générale début 2008, en pleine crise financière mondiale. Le jeune homme avait été condamné le 5 octobre 2010 à cinq ans de prison dont trois ferme et à des dommages et intérêts colossaux de 4,9 milliards. Il avait été reconnu coupable d'abus de confiance, faux et usage de faux et introduction frauduleuse de données dans le système informatique de la banque.

Ayant fait appel de cette condamnation, Jérôme Kerviel, 35 ans, doit être de nouveau jugé du 4 au 28 juin. Alors qu'il avait pour avocat à son premier procès le célèbre pénaliste Olivier Metzner, il sera cette fois défendu par David Koubbi, qui a repris le dossier en mars.