Le nouveau taux du LEP, 6% net d'impôts actuellement, devrait être dévoilé en fin de semaine, pour une application début février. Malheureusement, il devrait être à la baisse, afin de refléter le repli de l'inflation. Baisse brutale ou lissée ? Statu quo ? Voici 3 scénarios possibles.

Rendez-vous est donné vendredi prochain 12 janvier. C'est à cette date, en effet, que l'Insee dévoilera le taux d'inflation définitif pour le mois de décembre. Dans la foulée, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, devrait annoncer les nouveaux taux des livrets réglementés au 1er février 2024, prochaine échéance de révision.

Une chose est déjà certaine : le taux du Livret A ne bougera pas. Dommage, car sa rémunération actuelle (3%) est inférieure au résultat de la formule de calcul réglementaire (autour de 4%) normalement utilisée pour cette révision. Mais on sait déjà qu'il n'y aura pas de revalorisation, le gouvernement ayant décidé, en juillet dernier, de geler son taux... jusqu'en janvier 2025 !

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Qu'en sera-t-il du Livret d'épargne populaire (LEP) ? Lui n'est pas concerné par le gel. Il est donc susceptible d'évoluer le 1er février 2024. Et, malheureusement, ce ne sera pas à la hausse. Le recul de l'inflation, son principal indice de référence, ouvre plutôt la voie à une baisse. De quelle ampleur ? Voici les 3 scénarios envisageables.

Scénario 1 : l'application de la règle

Au cours des dernières années, l'exécutif n'a cessé de répéter que le rôle du LEP était de protéger l'épargne des Français les plus modestes (ceux qui ont accès au produit) de la hausse du coût de la vie. Alors que l'inflation est désormais bien engagée à la baisse, le LEP devrait logiquement suivre.

Ainsi, à la mi-janvier, au moment de rendre son arbitrage, le gouverneur de la Banque de France pourrait choisir de laisser le LEP s'aligner sur l'inflation moyenne du 2e semestre, comme le prévoient les textes réglementaires. Dans ce cas, la chute sera sévère : son taux passera de 6% à 4,10% dès le 1er février prochain.

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Scénario 2 : le lissage

En matière d'épargne réglementée, toutefois, la Banque de France n'aime pas les à-coups. Ainsi, la nécessité d'éviter des évolutions trop brutales est souvent invoquée lorsque son gouverneur choisit de conseiller au gouvernement de court-circuiter la formule de calcul pour fixer le taux du Livret A ou du LEP à sa guise. Un cas de figure qui, nous l'avions montré récemment, est censée être l'exception, mais a tendance à devenir la règle.

Livret A : faut-il laisser au gouvernement le pouvoir de fixer son taux ?

François Villeroy de Galhau pourrait donc choisir de lisser la baisse prévisible du taux du LEP. Celle-ci, en effet, ne devrait pas se limiter à février. Les prévisions d'inflation pour le 1er semestre 2024, si elles se concrétisent, devraient aussi le porter à 3,5% en août, 2e échéance de révision de l'année. Rassurez-vous : il n'ira pas plus bas, comme nous vous l'expliquions dans cet article.

LEP : une très mauvaise nouvelle pour le taux du Livret d'épargne populaire en 2024

Entre 6%, actuellement, et 3,5% dans 8 mois, le gouvernement de la Banque de France pourrait ainsi choisir de fixer un palier intermédiaire, non pas à 4%, mais à 4,5% ou 5%, histoire d'amortir un peu le choc pour les 10 millions de Français qui détiennent un LEP. Il y a des précédents. En juillet dernier, alors que son taux aurait dû tomber de 6,1% à 5,6%, le gouvernement avait choisi de le maintenir à 6%.

Scénario 3 : le statu quo

C'est, aujourd'hui, le scénario le plus improbable. L'exécutif peut aussi faire le choix du statu quo, en maintenant le taux du LEP à 6%. Quelle pourrait être sa motivation ? Une au moins : garder l'attrait du produit, en maintenant son différentiel de rémunération avec le Livret A.

Dans ce cas, le LEP gagnerait même en attractivité. Son rendement réel (c'est-à-dire son taux facial corrigé de la hausse des prix) grossirait au fil des mois, à mesure que l'inflation baissera. Celle-ci est attendue autour des 2,5% en fin de premier semestre 2024.