L'inflation va continuer à refluer début 2024 pour revenir autour des 2,5%, selon l'Insee. Une incontestable bonne nouvelle, aux conséquences pourtant néfastes pour le LEP, dont le taux pourrait brutalement baisser. Explications.

Avec son taux de 6% net, le double de celui du Livret A (3%), et son plafond relevé à 10 000 euros depuis le 1er octobre, le Livret d'épargne populaire vit des jours fastes. En 2023, le nombre de comptes ouverts a passé le cap des 10 millions et la collecte annuelle devrait battre tous les records : elle approchait, fin octobre, de 16 milliards d'euros !

Malheureusement, cet âge d'or pourrait rapidement prendre fin. Pourquoi ? Parce que les jours du LEP à 6% semblent comptés. Cette rémunération historiquement haute, le livret réglementé la doit à la persistance d'une forte inflation en France depuis le début de l'année. La règle, en effet, est d'aligner son taux sur la hausse des prix moyenne au cours du semestre précédent. C'est ce qui s'est passé en février dernier, lorsqu'il est passé de 4,6% à 6,10%, puis à 6% en août.

De 6% à 4% dès février ?

Le problème (du point de vue du LEP en tout cas), c'est que cette période de forte inflation paraît désormais derrière nous. A l'occasion de sa traditionnelle note de conjoncture, l'Insee a affiné aujourd'hui ses prévisions pour la fin de l'année et le début de la prochaine. Au second semestre 2023, l'inflation moyenne devrait redescendre aux alentours de 4%. Et les conséquences pour les détenteurs de LEP pourraient être cruelles. En janvier prochain, au moment de fixer le nouveau taux valable à partir du 1er février 2024, la Banque de France aura, en effet, la possibilité d'amputer le rendement du LEP de deux points pour le passer de 6% à 4%.

Mais la mauvaise nouvelle ne s'arrête pas là. L'Insee a également tracé la tendance pour les 6 premiers mois de 2024. Et, sauf retournement des prix de l'énergie, l'inflation semestrielle moyenne devrait poursuivre sa baisse pour atterrir à... 2,5% !

Le taux du LEP bloqué... par le Livret A !

Cela signifie-t-il que le taux du LEP serait ramené à 2,5% en août prochain, seconde échéance de révision de 2024 ? Là, vous pouvez pousser un ouf de soulagement : il n'ira pas, en principe, en dessous des 3,5% !

L'explication est un peu technique. L'inflation semestrielle, en effet, n'est pas le seul indice de référence du taux du LEP. La règle de calcul en intègre un second : il ne peut pas être inférieur au taux du Livret A augmenté d'un demi-point. Or on sait déjà que la rémunération de la star des livrets réglementés ne bougera pas en 2024 : elle a été bloquée à 3% jusqu'en janvier 2025, sur décision gouvernementale ! En toute logique, le LEP n'ira pas plus bas que 3,50% avant cette date, quelle que soit l'évolution des prix à la consommation.

« Avec un Livret A bloqué à 3%, le taux du LEP est-il garanti à plus de 3,5% jusqu'en 2025 ? »

Freiner la baisse ?

Evidemment, comme c'est de coutume en matière d'épargne réglementée, ces précisions sont soumises à un aléa de taille : les choix politico-économiques des pouvoirs publics. Si la rémunération des livrets réglementés évolue, en principe, en fonction de règles de calculs inscrites dans la réglementation, c'est, en réalité, rarement le cas.

Le gouverneur de la Banque de France dispose, en effet, du droit, en cas de « circonstances exceptionnelles », de court-circuiter l'arithmétique et de proposer au ministre de l'Economie de fixer les taux à sa guise. Un droit dont il use régulièrement, parfois à l'avantage de l'épargnant, mais le plus souvent à ses dépens. Choisira-t-il, cette fois, de freiner la baisse ? Premiers éléments de réponses attendus autour du 15 janvier 2024.