Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a défendu mardi le maintien du taux du Livret A à 3% sur les 18 prochains mois acté jeudi dernier, « une promesse en faveur de l'épargnant », selon lui. C'est la Banque de France qui a proposé ce maintien à Bercy, Bruno Le Maire ayant ensuite confirmé cette décision.

« Le 3% actuel est un peu inférieur à la formule, c'est vrai », a-t-il relevé en marge de la présentation du rapport annuel de l'épargne réglementée, mais il devrait permettre une rémunération « sensiblement supérieure à l'inflation au cours de l'année 2024 ».

Dans sa proposition faite jeudi au ministre de l'Économie, le gouverneur avait opté pour un maintien du taux du livret préféré des Français - il y en a 56,6 millions, dont l'immense majorité détenus par des personnes physiques - au taux actuel plutôt que l'application stricte de la formule de calcul, qui le portait à 4,1%.

Ce coup de rabot, qui est le deuxième cette année après l'arrondi à 3% du calcul à 3,3% de janvier, représente un manque à gagner important pour les épargnants français. Sur les six prochains mois, fixer le taux à 3% plutôt qu'à 4,1% comme l'aurait voulu la formule, prive les épargnants de 2,8 milliards d'euros d'intérêts - pour quelque 510 milliards d'euros d'encours des Livrets A et des Livrets de développement durable et solidaire (LDDS) à fin 2022, qui ont par ailleurs gonflé de près de 32 milliards d'euros depuis janvier. Un geste délicat à justifier en période de forte inflation.

« Protéger l'épargne populaire et financer de façon très importante l'économie française »

Cette décision « vise à pleinement intégrer les deux fonctions de l'épargne réglementée : protéger l'épargne populaire et financer de façon très importante l'économie française », a argué François Villeroy de Galhau.

Les organismes de logement social, qui empruntent à taux variable aux taux du Livret A, sont en première ligne : « un pour cent de taux du Livret A en plus aurait représenté 32.000 logements sociaux en moins, un tiers de la production annuelle », a poursuivi le gouverneur.

Le maintien du taux donne de la visibilité aux banques, qui conservent et rémunèrent 40,5% des Livrets A et des LDDS. Il pourra aussi limiter la casse des fonds euros de l'assurance vie, en perte de vitesse. Toutefois, le rendement moyen de ces derniers, prélèvements sociaux pris en compte mais hors défiscalisation, est près de deux fois inférieur au Livret A même maintenu à 3%, selon les calculs du fondateur du cabinet Facts & Figures Cyrille Chartier-Kastler.

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