Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, ne proposera pas au ministre de l'Economie de relever le taux de rémunération du Livret A et du Livret de développement durable (LDD), a-t-il indiqué vendredi lors d'un entretien à la radio France Inter.

M. Noyer réagissait après la publication jeudi de l'évolution des prix à la consommation pour mars par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).

Inflation hors tabac à 2,2% sur un an

Cet indicateur, qui est l'un des principaux utilisés dans la formule théorique de calcul du taux du Livret A, fait état d'une progression de 2,2% sur un an, hors tabac. En appliquant la formule, le taux aurait été relevé de 2,25% à 2,5%. La formule s'applique, théoriquement, de manière automatique pour les échéances du 1er février et du 1er août. Elle peut également être utilisée pour revoir le taux au 1er mai et au 1er novembre, mais il faut pour cela que soit intervenue une variation « très importante » des indicateurs, selon les textes. Or, « quand on regarde l'inflation en réalité, depuis la fin de l'année dernière, elle a baissé, elle est passée de 2,4% à 2,2%, hors tabac », a souligné M. Noyer, estimant, dès lors, qu'« il n'y (avait) pas de raison de changer » le taux.

En janvier, le gouverneur avait recommandé au ministre de l'Economie de laisser le taux inchangé, alors que la formule aurait dû le faire grimper à 2,75%. Il avait alors invoqué les « perspectives de baisse de l'inflation », annoncée par l'ensemble des prévisions. « On a beaucoup dit que cette décision de ne pas ajuster le taux avait coûté de l'argent aux épargnants et donc, sous-entendu, que ce n'était pas bien », a déclaré le banquier central. Mais il a fait valoir qu'entre août 2008, date du dernier changement de formule, et août 2012, date de la prochaine révision automatique, l'effet combiné de l'ensemble des dérogations à l'application de la formule avait entraîné un gain net d'un milliard d'euros pour les épargnants.

Le ministre de l'Economie, suivant la recommandation du gouverneur, a notamment empêché le taux de descendre en deçà de 1,25%, qui était déjà le plus faible niveau de son histoire, à l'automne 2009 et début 2010. M. Noyer a également rappelé qu'une hausse du rendement identique du Livret A et du LDD, induirait un renchérissement du coût de financement du logement social, dont une grande partie est assurée par le fonds d'épargne, émanation de la Caisse des dépôts qui gère environ 65% des dépôts des deux livrets.