Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a laissé entendre vendredi qu'il pourrait maintenir le taux du Livret A début février même en cas d'accélération de l'inflation, élément retenu pour le calcul du rendement de ce placement presque bicentenaire.

La plupart des économistes tablent sur un niveau d'inflation en décembre (sur un an) similaire à celui de novembre, soit 2,4% (hors tabac). Si le chiffre, qui sera publié jeudi, confirme ces prévisions, la formule de calcul automatique du taux le ferait passer de 2,25% actuellement à 2,50% au minimum, voire à 2,75%.

Toutefois, le gouverneur de la Banque de France, qui communique traditionnellement au ministre des Finances une recommandation sur l'évolution du taux, peut « déroger à l'application de cette formule en cas de circonstances exceptionnelles », selon les textes.

Inflation passagère ?

« Ce que je regarderai, c'est l'inflation qui va venir, parce que ça ne servirait à rien que le taux augmente légèrement pour rebaisser immédiatement ensuite », a annoncé vendredi M. Noyer sur la radio Europe 1. Dès lors, « je regarderai l'inflation des six prochains mois pour voir si le pouvoir d'achat est maintenu », a-t-il expliqué, rappelant qu'à cet horizon, « notre prévision est plutôt que l'inflation va baisser ».

« Si l'inflation baisse il n'y a pas de raison d'augmenter le Livret A, en effet », a-t-il dit, en réponse à une question sur ces prévisions.

2011, bon millésime

A l'instar de la Banque de France, l'ensemble des économistes prévoit une décélération progressive des prix en cours d'année, avec un passage de l'inflation sous les 2% fin 2012, ce qui pourrait induire une baisse du taux du Livret A dès août, voire début 2013.

Le total des dépôts sur le Livret A a légèrement baissé en novembre pour la première fois depuis un an, mais l'année 2011 devrait rester comme l'un des meilleurs millésimes pour ce produit. A fin novembre, les dépôts sur le Livret A avaient augmenté de 16,53 milliards depuis le début de l'année, non loin du record absolu enregistré en 2008, avec 18,7 milliards d'euros.