François Pérol, patron du groupe bancaire français BPCE, estime que le doublement du plafond du Livret A, préconisé pendant sa campagne par le président élu François Hollande, ne serait pas « très utile » mais serait une mesure « coûteuse » pour l'Etat.

« Je ne suis pas sûr que ce soit une mesure très utile mais nous sommes, par définition, prêts à en discuter », a estimé de son côté François Pérol sur BFM business. « C'est une mesure qui sera coûteuse pour les finances publiques puisque cela ne va pas générer d'épargne supplémentaire, cela va simplement faire que les Français vont transférer de l'épargne qui, aujourd'hui, est fiscalisée sur un produit qui ne l'est pas, le Livret A. (...) Ceux qui sont au plafond, il n'y en a pas beaucoup – il y a 9% de nos clients qui sont au plafond, ces 9% ont 50% des encours. Ceux qui ont 15.000 euros d'épargne ailleurs, ils vont la prendre et la mettre sur leur Livret A ».

« La CDC a largement de quoi financer le logement social »

Le Livret A, dont l'encours (224 milliards d'euros à fin mars) est centralisé par la Caisse des dépôts et utilisé pour financer le logement social, permet une épargne totalement défiscalisée, actuellement plafonné à 15.300 euros et bénéficiant d'une rémunération de 2,25%.  Grâce au doublement de ce plafond, le candidat François Hollande, dans ses 60 engagements de campagne, souhaitait que soient construits dans le quinquennat 2,5 millions de logements intermédiaires, sociaux et étudiants.

« Je ne sais pas exactement ce que l'on poursuit. On dit on va financer le logement social. C'est très bien. Le problème du logement social, ça n'est pas le financement », a souligné le patron de BPCE. « Le problème du logement social, c'est l'offre, c'est la disponibilité de terrains, c'est la capacité de construire ».

« Aujourd'hui les fonds du Livret A sont centralisés à la Caisse des dépôts qui a largement, largement de quoi financer le logement social en l'état actuel de l'offre aujourd'hui et demain », a-t-il poursuivi, ajoutant qu'« il y a 30 milliards qui sont parfaitement disponibles aujourd'hui à la Caisse des dépôts pour cela donc je ne sais pas si c'est très utile » de doubler le plafond. L'« autre question, c'est le taux », a-t-il noté. « C'est une question qui relève des autorités, à elles de décider quel est le bon taux et ça, ça concernera tous les épargnants ».