En plein boom, le virement instantané a un point faible : il subit plus de fraude que le virement traditionnel. Pour éviter que cela n'entrave son développement, un règlement européen va imposer aux banques deux nouvelles mesures de sécurité. Découvrez lesquelles.

Il ne représente, selon la Banque de France, qu'un peu plus de 6% de tous les virements émis en France. Mais cette part devrait rapidement exploser. D'ici à la fin de l'année 2024, le prix des virements instantanés devrait passer d'environ 1 euro pièce, en moyenne, à... 0. C'est la volonté, en effet, des institutions européennes. Le Parlement européen a adopté mercredi 8 février, un nouveau règlement qui impose aux banques d'aligner le prix des virements instantanés sur celui des virements SEPA traditionnels. Et ces derniers sont aujourd'hui systématiquement gratuits lorsqu'ils sont initiés en autonomie, sur le web ou le mobile...

Le texte, désormais, doit être publié au Journal officiel et entrera en vigueur 20 jours après cette publication. Les banques disposeront ensuite de 9 mois pour appliquer cet alignement tarifaire. En clair, les virements instantanés devraient être gratuits, dans toutes les banques, d'ici à la fin de l'année.

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Un taux de fraude plus élevé

Le nouveau règlement, toutefois, ne se contente de lever l'obstacle du prix, qui nuit à la généralisation du virement instantané. Il contient aussi de nombreuses mesures visant à améliorer la sécurité de ce moyen de paiement.

Le virement instantané, en effet, est plus exposé aux risques de débit frauduleux. Au 1er semestre 2023, son taux de fraude (c'est-à-dire le volume de montant détourné rapporté au montant total échangé) était de 0,0425%. Rien de très alarmant : c'est un peu moins, par exemple, que celui de la carte bancaire (0,057%). En revanche, c'est beaucoup, beaucoup plus, en revanche, que celui des virements dans leur ensemble (0,0010%).

La raison en est simple : le virement instantané est privilégié par les fraudeurs pour vider les comptes bancaires de leurs victimes, notamment dans le cadre d'arnaques au faux conseiller. Pour eux, il présente deux gros atouts : le transfert d'argent est immédiat (moins de 10 secondes) et irrévocable. En clair, à la différence d'un paiement par virement traditionnel ou par carte bancaire, la victime n'a aucun moyen d'annuler la transaction frauduleuse.

Deux parades pour limiter les risques de fraude

Qu'est-ce que les banques vont devoir mettre en place pour sécuriser ces virements instantanés ? En plus des méthodes traditionnelles (surveillance automatisée, plafonds journaliers, délai de temporisation au moment de l'ajout d'un bénéficiaire, etc), le règlement leur impose deux nouvelles parades.

La première : elles devront fournir à leurs clients un service de vérification de l'identité du destinataire. En clair, vérifier automatiquement (et gratuitement), sur la base de l'IBAN, que le compte destinataire du virement est bien détenu par la bonne personne. Un dispositif, appelé IBAN Check, qui est déjà opérationnel pour certaines opérations, mais qui va devoir être généralisé. Les banques devront y parvenir dans un délai de 18 mois.

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Le règlement prévoit une autre protection obligatoire qui sera, elle, à la main de l'usager. Les banques, en effet, devront autoriser leurs clients à fixer un montant maximal, soit par jour, soit par opération pour les virements instantanés. Cette limite, toutefois, pourra être modifiée, voire levée, « à tout moment, sans difficultés et avec effet immédiat », explique le texte. A l'image de ce qui existe pour les cartes bancaires, dont les plafonds de paiement peuvent désormais être relevés, en quelques clics, depuis une application mobile.

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