Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a cherché mardi l'apaisement avec les banques sur le sujet sensible de l'euro numérique, porté par la Banque centrale européenne (BCE) mais dont se méfient les établissements bancaires qui craignent pour leurs parts de marchés.

L'euro numérique « doit faire partie d'un partenariat public-privé », a insisté François Villeroy de Galhau à l'occasion d'un forum organisé à Paris par le groupement d'intérêt économique (GIE) Cartes bancaires (CB). Les banques « sont les premiers partenaires autour de la table », a-t-il continué.

Le sujet est épineux entre les banques centrales de la zone euro, qui veulent développer une version numérique des pièces et des billets d'ici 4 à 5 ans, et un consortium de banques commerciales, principalement françaises et allemandes, qui travaillent de leur côté sur une solution de paiement aux usages très proches via l'European Payments Initiative (EPI) et sa marque commerciale Wero.

Les établissements bancaires craignent une concurrence à leur offre de comptes bancaires, jugeant trop haute la somme maximale que pourraient contenir ces portefeuilles d'euros numériques. « Un euro de moins de dépôts, c'est un euro de moins de financement de l'économie », prévient mardi la Fédération bancaire française (FBF) dans une déclaration à l'AFP.

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S'il ne s'est pas prononcé sur le montant du futur plafond - la somme de 3 000 euros est souvent évoquée -, M. Villeroy de Galhau a réfuté tout « transfert massif des dépôts » à venir.

Un enjeu de souveraineté

Le gouverneur a par ailleurs rappelé l'enjeu de souveraineté européenne face à la concurrence des réseaux de paiements américains Visa et Mastercard, en croissance en France cette année. « Avoir un stratégie européenne des paiements face à des acteurs non européens puissants, innovants, me paraît être une priorité commune », a souligné M. Villeroy de Galhau.

Les acteurs bancaires français, membres du GIE Cartes Bancaires, ne se privent pourtant pas de nouer des partenariats avec des acteurs américains, au détriment de CB. BPCE commercialise par exemple des cartes de paiement qui ne proposent que le système de paiement Visa, de même que nombre de banques en ligne dont BoursoBank (ex-Boursorama Banque), détenue par Société Générale.

BPCE s'est par ailleurs félicité le 14 novembre d'être un des premiers partenaires du nouveau service d'Apple en France permettant aux commerçants de transformer un iPhone en terminal de paiement et d'accepter des transactions sans contact par carte bancaire ou smartphone. Crédit Agricole est en train d'équiper de son côté ses clients commerçants de terminaux American Express.

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