Le gouverneur de la Banque de France (BdF) a souhaité lundi un maintien des taux de la BCE à leur niveau actuel pour une période étendue, préférable selon lui à de nouvelles hausses qui mettraient l'économie en péril.

François Villeroy de Galhau, qui est membre du Conseil des Gouverneurs de la BCE, s'exprimait devant des économistes dans le cadre d'une conférence à Paris sur "Les défis de la politique monétaire pour la macroéconomie". "Nous sommes de plus en plus confiants" sur un retour de l'inflation "autour de 2% en 2025", a noté le gouverneur, invitant à réfléchir désormais "au chemin" pour parvenir à "un atterrissage en douceur", après dix hausses de taux consécutives par la BCE pour calmer l'inflation.

"Entre en faire trop et ne pas en faire assez, selon moi les risques sont à présent pour le moins symétriques", a-t-il déclaré. Notant que l'inflation pourrait rester durablement élevée "si on n'en fait pas assez", François Villeroy de Galhau a noté qu'il était dans ce cas "toujours possible de faire plus".

En revanche, si des hausses trop fortes entraînaient "une récession et une violente décélération de l'inflation", il "faudrait faire rapidement machine arrière" : "pousser les choses à la limite n'est pas une manière sensée de calibrer la politique monétaire" a-t-il déclaré, alors que certains membres de la BCE semblent vouloir aller plus loin.

Le gouverneur a souligné aussi qu'il y avait "un risque à baisser les taux trop tôt". Il prône donc "patience et persévérance", c'est-à-dire un maintien de la position actuelle, "ce qui ne veut pas dire inaction" puisque elle est suffisamment "restrictive" pour faire baisser l'inflation. Il observe néanmoins qu'une montée exagérée des cours du pétrole est à surveiller. "Une stratégie persévérante n'est pas l'indication que les taux ne monteront plus jamais", a-t-il dit. La présidente de la BCE Christine Lagarde avait indiqué le 14 septembre après la dernière hausse "qu'on ne peut pas dire que nous avons atteint le pic".

François Villeroy de Galhau a enfin estimé que le premier relèvement de taux de la série "aurait pu être fait plus tôt que juillet 2022". "Mais il est peu probable que cela se soit produit plus d'une ou deux réunions plus tôt" a-t-il dit. Il n'a pas exclu en outre à l'avenir un retour de l'usage de la forward guidance qui consiste pour une banque centrale à prévenir les marchés de ses intentions. Mais le recours à cet outil devra être "plus indicatif et "plus modeste", a-t-il dit.