Le nombre de personnes identifiées par la Banque de France comme étant en situation de fragilité financière est resté stable en France en 2022, à 4,1 millions, malgré la pression de la hausse des prix sur le budget des ménages.

« Nous sommes (...) dans une situation économique marquée par un ralentissement et par une inflation élevée », a souligné lundi le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau lors d'une conférence de presse en marge de la publication du rapport annuel de l'Observatoire de l'inclusion bancaire. Malgré les informations d'associations remontant « certaines situations d'exclusion voire de privations de la part des personnes qu'elles rencontrent », les indicateurs « sont plutôt rassurants », a-t-il assuré.

La banque centrale veut y voir l'efficacité de sa politique de prévention, une hausse des budgets d'action sociale, mais aussi « des arbitrages dans la consommation (...) qui leur permettent de préserver quand même leur situation bancaire », a indiqué François Villeroy de Galhau.

Le sujet de l'inclusion bancaire est sensible depuis le retour de l'inflation en France (mesurée à 5,1% sur un an au mois de mai, selon l'Insee) qui comprime le budget des ménages.

L'offre clientèle fragile progresse

L'Observatoire de l'inclusion bancaire s'est également arrêté sur le nombre de clients qui ont souscrit l'offre clientèle fragile (OCF).

Cette dernière regroupe un ensemble de services de base – tenue de compte, carte de paiement avec autorisation systématique, possibilité de retirer ou déposer des espèces, fourniture d'un relevé d'identité bancaire (RIB), quatre virements mensuels, etc.– à destination des clients identifiés par les banques comme étant en situation de fragilité financière.

Près de 830 000 personnes – soit un client éligible sur cinq – en étaient bénéficiaires en fin d'année 2022, soit 20% de plus qu'en 2021 et plus de deux fois plus qu'en 2017.

« Le modèle français de banque relationnelle (...) fait la preuve encore cette année, marquée notamment par une forte inflation, de son efficacité pour contribuer à une meilleure inclusion bancaire et financière », a réagi la directrice générale de la Fédération française bancaire (FBF), Maya Atig.

Fragilité financière : les offres bancaires pour les clients fragiles

Des dispositifs à simplifier

Emmaüs France souligne de son côté la « qualité du travail des équipes de la Banque de France et son engagement sur les questions d'inclusion financière » et appelle le gouvernement à simplifier les différents dispositifs (offre spécifique client fragile, clients identifiés comme fragiles) ainsi qu'à plafonner les montants des frais d'incidents bancaires.

Découvert non autorisé : ce qu'il vous coûte vraiment

« D'autres sujets, comme l'inclusion financière des personnes exilées ou encore la numérisation des services bancaires, doivent également faire l'objet de travaux prioritaires », reprend l'association dans un communiqué.

Croissance du microcrédit, surtout pour les pros

La banque centrale a enfin insisté sur la progression des microcrédits l'an dernier, dont l'encours a crû de 14% pour atteindre 1,95 milliard d'euros.

Ce type de financement à des fins personnelles ou professionnelles s'adresse « aux personnes exclues du système bancaire classique du fait d'une insuffisance de revenus et/ou d'une situation de précarité sociale », précise-t-elle.