Mais que veut faire le Crédit Agricole de sa filiale BforBank, va-t-il racheter Orange Bank ou encore s’intéresser de près au bitcoin ? C'est à ces nombreuses questions que Philippe Brassac, le directeur général du Crédit Agricole, vient de répondre.

Dans un entretien au Journal du dimanche, Philippe Brassac, le directeur général de Crédit Agricole SA a fait le point sur les dossiers chauds de la banque. A cette occasion, il est revenu sur le dossier BforBank. La banque mutualiste vient de remettre 125 millions d’euros dans sa banque en ligne, après les 30 millions d’euros versés il y a an et les 55 millions de 2017.

La situation de celle-ci interroge car 10 ans après ses débuts, elle a perdu encore près de 30 millions d’euros en 2019 avec seulement 250 000 clients au compteur, très loin de Boursorama, ING ou encore Fortuneo. BforBank qui a changé radicalement de stratégie en 2015 en passant du modèle « banque privée en ligne » à celle plus traditionnelle de banque du quotidien - proposant un compte courant avec carte bancaire, des livrets d’épargne réglementée, des crédits -, n’a pour l’instant pas trouvé la recette magique.

« La question n'est pas celle de la rentabilité immédiate, mais la capacité de BforBank à s'adresser à un segment de clients très particulier que ne touchent pas les caisses régionales ou LCL », indiquait récemment aux Echos une source proche du Crédit Agricole. « La crise sanitaire a démontré que la clientèle de BforBank recherche une offre numérique pour sa commodité, mais aussi des équipes responsables et disponibles pour répondre à distance à leurs besoins et questions. C'est ce modèle que nous comptons déployer en France et en Europe », annonce Philippe Brassac qu’y croit en l’avenir de sa banque en ligne. Un discours qui confirme les rumeurs de son expansion hors de France.

Crédit Agricole dit non à Orange Bank...

Autre sujet d’actualité brûlant : l’avenir d’Orange Bank. La néobanque est aussi dans la tourmente. Elle accumule les pertes et Groupama, qui détient 22% du capital, souhaite les vendre. Dans un premier temps, le Crédit Agricole était cité parmi les prétendants potentiels pour épauler Orange dans le développement d’Orange Bank. Sauf que visiblement, ce n’est pas le cas. « Notre socle est le réseau du groupe Crédit Agricole. Le métier bancaire ne se résume pas à la distribution de produits et de services par smartphone », lâche Philippe Brassac qui donc ne cherchera pas à concurrencer BNP Paribas sur ce dossier. En effet, on apprend ce lundi que cette dernière se montre particulièrement intéressée.

... et au bitcoin

Interrogé également sur le développement des monnaies numériques, le patron du « Crédit patates » a un discours très ferme : « Je suis contre - en tant que banquier comme en tant que citoyen. La monnaie est une prérogative de l'Etat. Une convention d'échange qu'il faut gérer en sécurité, qualité et quantité. A l'inverse, on ne connaît pas l'organisation et l'identité de certains créateurs de monnaies privées, dont le bitcoin. Il est dangereux de laisser s'installer ces initiatives, qui induisent des chaînes de spéculation et servent aussi de lessiveuses à l'argent sale. Si on les laisse proliférer, elles feront beaucoup de perdants. Et de dégâts ».

Le Crédit Agricole se montre d'ailleurs particulièrement tatillon quand il s’agit des cryptomonnaies. En 2019, une caisse du Crédit Agricole avait refusé qu’un de ses clients fasse un virement de 15 000 euros vers une plateforme spécialisée expliquant qu’il s’agissait de « préserver les intérêts de (ses) clients et les protéger des conséquences financières et patrimoniales ». Selon un classement réalisé par le site spécialisé bitcoin.fr, Crédit Agricole fait partie des banques les plus contraignantes pour les clients souhaitant investir dans ces monnaies alternatives. Vu le discours de Philippe Brassac, il n’est pas question que cela change.

Lire aussi : Où acheter du bitcoin de façon sécurisée ?