La refonte des heures d’ouverture des agences bancaires de BNP Paribas débute ce 11 janvier, a appris MoneyVox de sources concordantes. Ce projet, présenté comme une manière de s’adapter aux besoins des clients, continue à faire polémique en interne.

Sur fond de contestation en interne, BNP Paribas s’apprête à lancer sur le terrain son projet de refonte des heures d’ouverture de ses agences bancaires. Baptisé « Etre là pour nos clients », celui-ci vise à adapter les horaires à la fréquentation des agences. Il est présenté comme une manière de s’adapter aux besoins des clients et à la vie du quartier. Certaines agences ouvriront ainsi plus tard le matin et seront accessibles jusqu’à 19h certains jours, quand d’autres fermeront plus tôt dans l’après-midi.

Concrètement, la banque va scinder ses agences en 3 catégories en fonction de leur amplitude horaire. D’après nos informations, sur les 1 748 agences du groupe, 346 (soit 20%) seront de type 1. C’est-à-dire ouvertes 39 heures par semaine, soit la plage horaire la plus importante. La majorité des agences (981 soit 56% d’entre-elles) vont ouvrir 37 heures par semaine. Enfin, les 421 agences restantes (24%) fonctionneront désormais sur un rythme hebdomadaire de 35h30. Ces agences dites respectivement de type 2 et 3 sont présentes essentiellement en régions.

Dans les tuyaux depuis plus d’un an, ce changement de rythme débute ce lundi, a appris MoneyVox de sources concordantes. « Cela peut dépendre des endroits, mais les premières agences basculeront sur les nouveaux horaires le 11 janvier », rapporte notamment Richard Pons, délégué syndical national de la CFDT.

« On revient 20 ans en arrière ! »

« Mon agence est impactée dès lundi 11 janvier. Elle va ouvrir à 9h30, fermera de 13h à 14h, puis sera ouverte jusqu’à 18h, soit un rythme hebdomadaire de 39h, témoigne un conseiller parisien interrogé par MoneyVox. Je dois arriver à 9h20, partir en pause déjeuner à 13h05, revenir à 13h55 pour quitter l’agence à 18h05 le soir ». Un emploi du temps millimétré qui ne passe pas auprès de ce conseiller. « Avant, nous disposions d’une certaine souplesse pour gérer nos horaires, tout en s'assurant qu’il y ait toujours du monde en agence. Désormais, les heures vont être fixes. Et si on a besoin d’un peu plus de temps pour terminer un dossier, on va devoir demander l’accord au préalable de notre direction pour effectuer des heures supplémentaires. On revient 20 ans en arrière ! », déplore ce chargé de clientèle.

Bien qu’acté suite à sa signature fin 2020 par le SNB, syndicat majoritaire, ce projet continue à faire débat en interne. Rappelons que la CFDT, avec la CFTC, avaient lancé cet automne un référé en justice pour tenter de mettre en échec ce projet. Cette initiative a échoué. « Nos arguments étaient recevables, mais le juge a considéré qu’ils ne permettaient pas la suspension du dossier, déplore Richard Pons. Par contre, on ne baisse pas les bras sur la perte, pour certains salariés, du forfait cadre. Nous restons en discussion avec notre avocat sur cette mesure que nous jugeons discriminatoire. Nous avons 2 mois pour tenter quelque chose », poursuit ce responsable syndical.

En effet, outre le changement de rythme horaire, ce projet touche plus généralement au contrat de travail et à la rémunération des conseillers. Les salariés des agences du type 2 et 3 ne sont en effet plus éligibles au forfait jours, propre aux cadres, et passent en horaires collectifs. Pour eux, cela entraîne une perte de 3,5 ou 11,5 jours de RTT ainsi que la fin d’une prime de 2,3% de leur salaire annuel brut.

Sauvetage en partie de la prime cadre

« Sans accord, les 1 200 cadres au forfait des agences type 2 et 3 [auraient été] reçus par leur gestionnaire individuel et se [seraient vu] proposer un retour aux horaires collectifs par le biais d’un avenant à leur contrat de travail, sans aucune compensation financière », justifie le SNB dans une communication à destination de ses adhérents. Ses représentants restés à la table des négociations ont en effet obtenu que la prime cadre ne disparaisse pas totalement, mais soit mensualisée à partir de janvier 2022. Bémol, « seuls les cadres qui changeront de rythme au premier quadrimestre bénéficieront de l’intégration de leur prime. Un salarié impacté au 1er mai n’y aura plus droit », regrette Richard Pons.

« Je pense que, sous couvert de s’adapter aux clients, notre direction remet en cause nos horaires, notre autonomie dans un but de réduction des coûts. Aucun de mes clients n’a jamais manifesté ce type de demande d’horaires étendus. Au contraire, c’était justement le midi qu’il y avait du passage en agence, témoigne un conseiller de la banque. Le pendant est que BNP n’a jamais fait à ma connaissance de plan de suppression de postes, de plan de départ volontaire ou anticipé », nuance-t-il toutefois.

En novembre dernier, la CFDT avançait que « le vrai motif de ce projet est économique, en supprimant notamment 50 000 jours de RTT par an ». BNP Paribas s’en est toujours défendue, martelant que ce projet s’inscrit dans le cadre de l’adaptation régulière de son réseau d’agences à ses clients, ce qui entraîne de facto l’adaptation des horaires de travail de ses équipes.