Deux syndicats ont lancé un recours juridique contre BNP Paribas qui souhaite, dès janvier, moduler les horaires des agences en fonction de la venue des clients. Les répercussions salariales et organisationnelles sont au cœur des tensions.

Un mois après la grève du 13 octobre à laquelle ont participé 60% des salariés, d’après les syndicats, la colère monte encore chez BNP Paribas. « Il n’y a pas de négociation possible avec la direction. Une grève et désormais une assignation en justice actent l’échec du dialogue social », se désole ainsi Richard Pons, délégué syndical national de la CFDT. Ce syndicat ainsi que la CFTC, minoritaires au sein de la banque, ont en effet décidé de dénoncer sur le plan juridique le projet de restructuration des agences BNP Paribas.

Cette assignation ainsi que la grève font en effet suite au projet de BNP Paribas de moduler les ouvertures des agences bancaires en fonction de leur fréquentation. S’il aboutit, celui-ci contraindrait certains salariés à revoir leurs horaires de présence et pourrait leur faire perdre des avantages salariaux comme des jours de RTT, dénoncent les syndicats. « Le vrai motif économique de ce projet est tu par la direction. C’est de faire des économies notamment en supprimant 50 000 jours de RTT », explique à MoneyVox Richard Pons.

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Première audience fin novembre

La première audience se tiendra le 27 novembre. Les syndicats ne souhaitent donc pas, à ce stade, en dire plus sur les motifs de cette assignation. Toutefois, ce n’est pas à proprement parler la refonte horaire des agences qui pose problème mais la manière dont celle-ci serait mise en place. « La direction oublie l’aspect humain, souligne le porte-parole de la CFDT. Certains parents s’interrogent sur leur capacité à pouvoir rester en poste. Car en fermant les agences plus tard [certaines seraient fermées au public à 19h, ndlr], ce, dès janvier, comment gérer la crèche ou la nounou ? Comment retrouver un équilibre vie professionnelle et vie familiale ? Ce projet ne doit pas se faire au détriment de la parentalité des salariés », résume Richard Pons.

Concrètement, la CFDT demande à ce que soit supprimée la tranche horaire de 35 heures 30. C’est celle-ci qui entraine la perte le plus conséquente de jours de repos, jusqu’à 17 RTT par an. Autre revendication : le maintien en l’état du « forfait cadre » pour que les salariés concernés conservent leurs droits à RTT mais aussi leur prime liée à ce forfait. En effet, les évolutions en cours dépassent la seule problématique des horaires d’agences.

Ce changement des règles du jeu concernant les horaires s'accompagne d'un avenant au contrat de travail des salariés. Certains passeraient du forfait jours au forfait heures. « Ils perdront de l’autonomie. Ils perdront aussi leur prime annuelle de 2,3% de leur rémunération octroyée à tous les cadres au forfait », détaille Richard Pons. En remplacement, cette prime serait transformée en un versement lissé sur 12 mois, mais pour un montant plus faible, atteignant 90% de l’ancienne version. En désaccord, la CFDT a quitté la table des négociations.