Après avoir lancé dès 2017 de larges plans de restructuration visant la banque de détail, c'est désormais la banque de financement qui voit se profiler des baisses d'effectifs. En ce sens, Société Générale, notamment, envisage de supprimer plusieurs centaines de postes en France.

Pour maintenir ou accroitre leur rentabilité, deux solutions s’offrent aux entreprises : augmenter leurs ventes ou baisser leurs charges. Mises à mal par le contexte économique, les banques tablent notamment sur le second levier. Ces économies sont aussi favorisées par la digitalisation de la relation bancaire, comme le rapporte BNP Paribas dans son dernier rapport financier. « Dans un environnement de taux d’intérêt qui ne devrait s’améliorer que progressivement et face aux nouvelles attentes des clients influencées par les usages digitaux, le pôle [Marchés Domestiques, ndlr] va poursuivre le renforcement de sa dynamique commerciale en améliorant l’expérience clients et en proposant de nouveaux services », écrit ainsi le groupe bancaire.

1 500 postes sur la sellette à la Société Générale

Et cette adaptation au contexte actuel passe par de nouvelles économies à réaliser d’ici 2020. Celles-ci concernent essentiellement les services de banque de financement et d’investissement (BFI) apportés aux grandes entreprises. BNP Paribas demande ainsi à sa BFI de réduire de 350 millions d’euros ses charges récurrentes.

Autre enseigne, même stratégie. D’ici 2020, Société Générale va aussi mettre sa BFI au régime, tout comme sa banque de grande clientèle. Ces deux activités doivent générer d’ici là 500 millions d’euros d’économies additionnelles, détaille la banque rouge et noire dans son rapport financier 2018. Si Société Générale, comme BNP Paribas, refusent pour l’heure d’évaluer l’impact sur l’emploi, les rumeurs vont déjà bon train. A la Société Générale, selon Le Figaro, 1 500 postes seraient sur la sellette, dont 700 en France.

Dans la foulée de la publication de leurs résultats annuels, d’autres enseignes avouent prévoir une restructuration de leurs effectifs. C’est le cas de La Banque Postale qui compte sur le non remplacement de ses futurs retraités. Cité par Les Echos, Rémy Weber explique : « bassin d'emplois par bassin d'emplois, nous allons regarder comment remplacer le moins possible nos effectifs qui partent en retraite ». Le patron de la Banque Postale indique viser « plusieurs centaines de millions d'euros » de baisses de charges.

Lire aussi : Les 3 chantiers décisifs de la Banque Postale pour 2019

La banque de financement et d'investissement après la banque de détail

De fait, les services de la banque de détail s’avèrent plutôt épargnés par ce nouveau tour de vis. Une impression confirmée par une source syndicale qui ne note pas d’accélération des suppressions de postes dans la banque de détail. Il faut dire que les banques ont déjà bien amorcé la rationalisation de leurs réseaux bancaires.

Dans son plan stratégique et financier 2020, lancé fin 2017, Société Générale table en effet sur la fermeture de 300 agences. Dans cette perspective, le groupe a ainsi fermé plus de 100 points de vente en 2018. En automatisant le parcours client, la banque rouge et noire espère également supprimer 900 postes « en complément des 2 550 déjà annoncées début 2016, portant leur nombre total à environ 3 450 à l’horizon 2020 », écrit Société Générale dans son plan.

La banque rouge et noire n'est pas une exception. Toutes ou presque intègrent la rationalisation des réseaux à leur dernier plan stratégique. Entre 2017 et fin 2020, BNP Paribas prévoit ainsi de diminuer ses effectifs de 640 postes dans la banque de détail. BPCE, le groupe qui rassemble les réseaux Banque Populaire et Caisse d’Epargne, va même bien au-delà. Son objectif affiché début 2017 était de supprimer 400 agences et quelque 4 000 emplois d’ici 2020 en ne remplaçant pas un départ sur trois. Pour ce faire, le groupe compte notamment sur les récentes fusions des caisses régionales et les synergies potentielles. En atteste la création à l’été 2018 de la Caisse d’Epargne Grand Est Europe – née du rapprochement de la caisse d’Alsace et Lorraine Champagne-Ardenne – qui a annoncé fin janvier dernier réduire ses effectifs de 550 postes.