Un consultant financier cité comme témoin par la défense, extérieur au dossier mais affirmatif, a décortiqué jeudi matin au procès en appel de Jérôme Kerviel le mécanisme d'un supposé complot à la Société Générale contre l'ancien trader.

La thèse de la machination, selon laquelle l'affaire Kerviel aurait permis à la Société Générale de masquer ses pertes dans la crise des crédits hypothécaires américains « subprimes » en 2007-2008, est devenue le fil conducteur du procès en appel de l'ancien trader.

« Il n'y a pas eu de perte en réalité » liée aux opérations de Jérôme Kerviel, a ainsi déclaré à la cour Jacques Werren, 59 ans, ex-directeur général adjoint de l'ancien Matif (marché à terme des instruments financiers). Selon lui, il aurait été « bien plus grave » pour la banque d'admettre une perte colossale sur les subprimes que de pointer les dérives d'un trader isolé. Ce que la banque conteste, estimant que sa réputation en aurait certainement moins souffert.

Pour Jacques Werren, la Société Générale a sacrifié Jérôme Kerviel mais sauvé « la place » financière de Paris. « Si vous pensez cette thèse crédible, vous avez un excellent moyen de la démontrer », a dit à la cour le consultant financier, costume et cheveux gris, une main dans la poche du pantalon. « J'affirme ici qu'il est possible de la démontrer, en réclamant, pourquoi pas, à la commission bancaire, d'aller voir les comptes maison de la Société Générale ».

Pour la banque, encore une fois, cette thèse relève de « l'intuition délirante », a commenté l'un de ses avocats, François Martineau. « La cour fait du juridique, du droit, pas de romantisme, nous ne sommes ni poètes, ni écrivains », a souligné en cours de démonstration la présidente de la cour, Mireille Filippini.