« Ici j'ai deux adversaires : Jérôme car il ment pour se défausser et la Société Générale (qui) m'accuse de ne pas avoir vu ce qu'il avait fait ». Lundi au procès en appel de Jérôme Kerviel, son ancien chef d'équipe a expliqué comment sa carrière s'était stoppée net avec le déclenchement de l'affaire.

« Tout en ayant passé huit mois au quotidien avec Jérôme Kerviel, Eric Cordelle, 40 ans, qui était son supérieur hiérarchique immédiat dans le service « Delta One » de la Société Générale, a affirmé n'avoir jamais rien vu, rien su, des positions spéculatives astronomiques prises par l'ancien trader, rejugé en appel pour une perte de 4,9 milliards d'euros subie en janvier 2008 par la Société Générale.

Quand Eric Cordelle est arrivé à la tête de Delta One, il n'était pas trader mais ingénieur financier, issu de l'Ecole Polytechnique, a-t-il raconté à la cour, estimant avoir été nommé à ce poste pour sa capacité à encadrer une équipe et sa connaissance « des clients et des vendeurs ». 2007 devait être pour lui « une phase de formation, de transition ». Jérôme Kerviel lui avait d'ailleurs été présenté comme un trader senior « sur lequel (il) pourrait s'appuyer pour se former ».

Lorsque la « fraude », dont la Société Générale accuse Jérôme Kerviel, a été découverte, Eric Cordelle a été licencié et est resté quatre ans au chômage, selon ses propos. Le fait d'être connu comme « le patron de Kerviel » a dissuadé nombre d'employeurs potentiels de le recruter. « La seule chose que les prudhommes peuvent me rapporter, c'est de l'argent, ici il s'agit d'honneur, j'attends de la justice qu'elle rétablisse la vérité », a-t-il lancé.