Qu'il s'agisse d'accéder à une gamme de services bancaires étendue ou de faire baisser la facture, entre un tiers et la moitié des Français détiennent plusieurs comptes. Mais quid des professionnels ? Les TPE, les PME et les indépendants ont-ils eux aussi intérêt à ouvrir un deuxième compte pro dans une néobanque comme Qonto, Shine ou encore Anytime ?

Elles s'appellent Qonto, Sogexia, Anytime, Shine ou encore Manager.one. Ce sont des fintechs fraîchement débarquées dans le petit monde des comptes professionnels. Et depuis quelques années, elles s'efforcent de réinventer la relation entre les entreprises et leur banque. Pour cela, ces néobanques pro reprennent les codes des banques mobiles pour les particuliers : une ouverture de compte 100% digitalisée, ne nécessitant que quelques minutes pour aller au bout de la démarche, une application mobile intuitive, et des tarifs à la portée de toutes les bourses. Comptez ainsi entre 9 et 99 euros par mois si vous souhaitez ouvrir un compte chez Qonto. Les abonnements de Shine, quant à eux, oscillent entre 3,90 et 26,90 euros par mois.

Des outils de gestion intégrés à l'appli

Mais l'autre tour de force de ces nouveaux acteurs reposent sur leurs services bancaires innovants. Très tôt, les fintechs ont en effet su identifier les faiblesses des banques traditionnelles en matière de compte pro. Pour se démarquer des mastodontes déjà présents, elles ont donc axé le gros de leurs efforts sur la construction d'une expérience client simple, fluide en plus d'une tarification transparente.

Anytime offre par exemple la possibilité d'éditer vos factures et de relancer vos impayés directement depuis l'application, d'automatiser les relevés des notes de frais de vos collaborateurs s'ils sont équipés d'une carte Mastercard, ou encore de payer vos salariés juste en uploadant un fichier XML ou CSV.

Même son de cloche du côté de Qonto, qui a pour philosophie de miser sur les partenariats pour proposer un large choix de services. La banque mobile s'est ainsi associée à Legalstart pour proposer un service de dépôt de capital simplifié et sécurisé pour les entreprises en création. Un autre partenariat avec Zettle lui permet de proposer une solution d'encaissement des paiements à des tarifs préférentiels : 1,75% de commission au lieu des 2,5% habituellement facturés par Zettle.

Les limites des néobanques pro

Mais attention. S'il est intéressant d'ouvrir un compte dans une néobanque pour bénéficier de services innovants, mieux vaut y réfléchir à deux fois avant de contacter votre banque pour clôturer votre compte pro.

Les néobanques pro ne possédant pour la plupart qu'une licence d'établissement de paiement, elles ne peuvent pas proposer en nom propre des crédits ou des produits pour placer sa trésorerie. Pour s'affranchir de cette limite, des partenariats sont possibles à l'image de Qonto qui s'est récemment associée à la plateforme de crowdfunding October ou de Shine qui va bientôt propulser son prêt pro avec Franfinance. Mais ce type d'offres restent encore peu développées. Pour financer le développement de votre entreprise, il faudra donc probablement vous tourner vers une banque traditionnelle. Rappelons l'imbroglio sur les prêts garantis par l'Etat complexes voire impossibles à obtenir par l'intermédiaire des néobanques.

De même, si vous encaissez régulièrement des paiements par chèque ou en liquide, mieux vaut garder un compte ouvert dans une banque traditionnelle. Qonto ne permet pas, par exemple, les dépôts en espèces. En revanche, elle offre la possibilité d'encaisser des chèques, mais dans la limite de 30 000 euros sur 30 jours glissants. Chez Anytime, la limite est de 4 chèques par mois, avec un montant maximum de 6 250 euros par chèque. Manager.one, quant à elle, explique sur son site que ces prestations sont possibles, mais uniquement à titre exceptionnel : « Nous ne pouvons donc pas offrir l'encaissement régulier de vos chèques et espèces. Cependant, de façon exceptionnelle et conditionnée, nous acceptons de procéder à l'encaissement de ces moyens de paiement ».

Dernier avantage de taille pour les banques traditionnelles, l'accès à un conseiller personnel et à l'agence bancaire pour déposer chèques et espèces ou pour discuter de visu avec votre banquier sur votre projet entrepreneurial.

La multibancarisation, vecteur d'économies

Pour bénéficier du meilleur des deux mondes, il est donc intéressant d'ouvrir un compte dans une néobanque tout en conservant un compte actif dans votre banque principale. Une stratégie efficace sur le plan des services, mais également des tarifs, puisque – contrairement à ce que l'on pourrait penser – il est possible de faire des économies grâce à la multibancarisation.

Vous pouvez par exemple résilier la carte bancaire de votre banque principale, généralement facturée entre 60 et 200 euros par an, pour ne conserver que la carte de votre banque mobile, dont le prix est compris dans votre abonnement. Le compte dans la banque traditionnelle vous servira alors à recevoir les paiements de vos clients ou à réceptionner un financement. Et celui dans la néobanque à gérer les transactions du quotidien ou à vos commerciaux en déplacement.

Pensez également à comparer les lignes tarifaires. Selon les cas, il sera plus intéressant d'effectuer une opération en passant par votre banque principale que par votre néobanque et inversement. Par exemple, les forfaits des néobanques prévoient un quota de virements et de prélèvements gratuits par mois. Mais après, ils sont facturés aux alentours de 40 à 50 centimes l'opération. Passée cette période de gratuité, la tarification des virements s'avère donc peut-être plus douce ou négociable dans votre banque avec agences.

Vous l'aurez compris, ouvrir un second compte dans une néobanque vous offre davantage de liberté. D'autant qu'avoir tous vos œufs dans le même panier n'est jamais une bonne idée. Il est communément admis qu'un entrepreneur avisé devrait éviter de dépendre d'un unique fournisseur. Pourquoi en irait-il différemment avec votre banquier ?

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