Le Livret Jeune peine à sortir de l’ombre de son aîné le Livret A. Pourtant, ce livret d’épargne réglementée réservé aux 12-25 ans recèle d’atouts pour son détenteur comme pour ses parents.

Vingt-trois ans après sa création, le Livret Jeune a-t-il encore un intérêt ? La question se pose en effet. Car, au regard de l’évolution des sommes abritées, le constat est sans appel : le livret réglementé réservé aux 12-25 ans connaît une mauvaise passe. Depuis janvier 2009, il a perdu près de 20% de ses encours, passant de 7,55 milliards d’euros, son apogée, à 6,4 milliards d’euros fin 2016 et à 6 milliards aujourd’hui.

Les (mauvaises) raisons de faire l’impasse sur ce livret réglementé

Ce déclin signifie-t-il que les jeunes épargnent moins ? Pas vraiment. Au total, l’épargne réglementée des mineurs et des étudiants augmente, mais elle se loge essentiellement sur leur Livret A. D’après le dernier Observatoire de l’épargne réglementée de la Banque de France, 95% de l’épargne des moins de 25 ans va sur les Livrets A.

Est-ce le plafond bas qui décourage les 12-25 ans d’avoir un Livret Jeune ? Ce dernier ne peut en effet accueillir plus de 1 600 euros, hors versement des intérêts, contre 22 950 euros pour le livret réglementé phare. Si cet argument s'entend, il est discutable au regard de ce que les jeunes détiennent sur leur Livret A : 1 800 euros en moyenne d'après nos calculs basés sur l'Observatoire de l'épargne réglementée. Le Livret Jeune s’avère de fait suffisant pour accueillir l'essentiel de leurs économies.

Est-ce enfin la difficulté de trouver une banque proposant le Livret Jeune qui explique qu'il soit peu répandu ? Non plus. Toutes les banques ayant pignon sur rue le commercialisent. Il est vrai, par contre, que le Livret Jeune se fait plus rare chez les banques en ligne : seules Monabanq et Hello Bank le distribuent. Cela vient du fait que les banques en ligne ciblent peu la clientèle des adolescents.

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En revanche, le Livret Jeune semble davantage pâtir de ses conditions d’ouverture. Alors que les parents peuvent ouvrir un Livret A à leur enfant dès sa naissance, ils doivent attendre ses 12 ans pour lui souscrire un Livret Jeune. Une ouverture qui, tant qu’il est mineur, ne peut s’opérer sans l’aval des parents. Autrement dit, si ces derniers ne prennent pas les devants, si le conseiller bancaire ne leur propose pas d’ouvrir un Livret Jeune, ou si, une fois majeur, le jeune adulte suit de loin sa situation financière et ne rencontre que rarement son conseiller, il est fort probable qu’il passe à côté du Livret Jeune.

Le Livret Jeune 2 fois mieux rémunéré que le Livret A

Et c'est bien dommage ! Car les atouts du Livret Jeune sont nombreux. Le premier d’entre eux est sa rémunération. Tout comme le Livret A, le livret réglementé des 12-25 ans est défiscalisé. Les intérêts versés sont donc nets d’impôts et de prélèvements sociaux. En revanche, à la différence du Livret A, les banques fixent librement son rendement, avec une contrainte en faveur des épargnants. Celui-ci ne peut être inférieur au taux du Livret A.

Et bonne nouvelle ! En pratique, la quasi-totalité des enseignes dépassent les 0,75% du Livret A. En moyenne, elles proposent près du double : 1,48% à avril 2019, d’après nos calculs. Le mieux-disant étant Milleis Banque (ex-Barclays France) et ses 2,50%. De quoi donc faire des Livrets Jeunes les livrets avec les taux d’intérêt les plus élevés du marché. A titre de comparaison, le livret bancaire le plus rémunérateur, à savoir le Livret Distingo de PSA Banque, est rémunéré 1% brut en ce moment.

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Un outil pour apprendre aux enfants à gérer leur argent

Pour les parents, confier un Livret Jeune à son adolescent peut être un moyen de l’initier à la gestion de son argent de poche. En effet, les banques proposent fréquemment de relier ce livret à une carte de retrait. Le plus souvent gratuite juqu'à 17 ans au moins, elle présente un plafond limité, de l’ordre de quelques dizaines d’euros par semaine, ce qui est rassurant pour les parents. Dans certaines enseignes, la fixation du plafond est même laissée à leur totale discrétion... Les parents pouvant en autonomie et à tout moment le modifier.

Indépendamment des éventuels garde-fous développés par les banques, le fonctionnement même du Livret Jeune limite le risque de débordement budgétaire. Jusqu’aux 16 ans de l’enfant, les retraits aux guichets nécessitent la présence et l’accord des parents. Par la suite, jusqu’à ses 18 ans, les parents ont la possibilité de s’opposer aux retraits. Par ailleurs, le Livret Jeune, comme tout livret d’épargne, ne peut être débiteur.

Autre atout de ce support : il est toujours gratuit, ce qui est rarement le cas d’un compte courant. La facturation de frais de tenue de compte et de frais de gestion est interdite. Bémol cependant : pour alimenter un Livret Jeune, il est plus commode que son détenteur possède un compte de dépôt. Les virements en direction d’un Livret Jeune ne peuvent en effet pas provenir d’un compte appartenant à quelqu’un d’autre. En l’absence d’un compte en banque à son nom, le livret peut tout de même être alimenté par dépôts d’espèces ou par chèques.

Enfin, que les adeptes du Livret A se rassurent. Pour ouvrir un Livret Jeune, il n’est pas nécessaire de clôturer son Livret A. Les deux peuvent être détenus simultanément. Au contraire, ces deux livrets réglementés sont complémentaires. Le Livret Jeune étant le plus souvent mieux rémunéré, il est conseillé de l’alimenter en premier et, une fois son plafond atteint, de continuer à épargner sur le Livret A.

D'ailleurs, au 31 décembre de l’année des 25 ans de l’épargnant, la banque ferme automatiquement le Livret Jeune et verse l'épargne constituée sur un autre support à son nom, le Livret A, par exemple, s'il en a ouvert un. Le titulaire peut aussi prendre les devants et le fermer de lui-même.