Le taux du Livret A est gelé à 0,75% pour encore un an ! Et ce même si l’inflation reste bien supérieure… Quelles sont les alternatives si vous voulez éviter de prendre des risques ? Revue d’effectif des placements sécurisés, en tenant compte de la fiscalité !

Longtemps, le Livret A était particulièrement scruté chaque début d’année : il s’agit de l’une des deux échéances où son taux peut être revu à la hausse ou à la baisse. Pas cette année : la rémunération du produit d’épargne le plus répandu en France a été figée en décembre 2017 jusqu’au 31 janvier 2020 dans l’attente de la nouvelle formule de calcul.

Les taux du LDDS, du LEP et du CEL étant fixés en fonction du Livret A, leur rémunération ne bougera pas non plus en 2019. Une année d’ores et déjà à oublier pour les placements sécurisés, à la vue de ces faibles performances ? Pas forcément. D’autres produits offrent une garantie en capital, mais certains d’entre eux sont soumis aux cotisations sociales et à l’impôt sur le revenu. Gare à la comparaison casse-tête ? Non, depuis l’entrée en vigueur de la flat tax (ou prélèvement forfaitaire unique) sur les revenus du capital, trois cas de figure sont envisageables lorsque vous ouvrez un produit : zéro impôt comme sur les produits totalement défiscalisés comme le Livret A ; la « flat tax » à 30% (cotisations sociales + impôt sur le revenu) sur les autres produits pour les ménages imposables ; ou uniquement les cotisations sociales (17,2%) pour les ménages non imposables s'ils optent pour l'impostion au barème lors de la déclaration. Le tableau ci-dessous permet de comparer les rendements actuellement pratiqués ainsi que leur fiscalité si vous placez votre argent en ce début 2019.

Taux brutTaux après cotisations socialesTaux après flat tax
Livret A0,75%0,75%0,75%
LDDS0,75%0,75%0,75%
Livret d’épargne populaire1,25%1,25%1,25%
Compte sur livret0,26%*0,22%0,18%
Compte épargne logement0,50%0,41%0,35%
Plan épargne logement1%0,83%0,70%
Assurance vie (fonds en euros)1,60%**1,32%1,12%
* Moyenne Banque de France
** Estimation de la rémunération moyenne pour 2018

De prime abord, le verdict est peu reluisant. Car les prix à la consommation ont rebondi courant 2018 : l’Insee chiffre l'inflation à 1,6% fin décembre 2018. Ainsi, en net d’impôt, aucun placement sécurisé ne permet de préserver votre pouvoir d’achat. Mais il faut aller au-delà de ce simple constat initial. Certains produits permettent a minima de faire mieux que le Livret A, et même parfois de dépasser le niveau d’inflation.

Le LEP, si vous y avez le droit

Rendement et fiscalité. Comme le Livret A et le LDDS, les intérêts du Livret d’épargne populaire sont totalement défiscalisés, mais il a l’avantage d’être mieux rémunéré : 1,25% actuellement, et au moins jusqu’au 31 janvier 2020.

Points forts. Une épargne disponible à tout moment, et une rémunération qui se situe toujours au-dessus de celle du Livret A.

Points faibles. Les versements sont plafonnés à 7 700 euros, loin des 22 950 euros de dépôts autorisés sur un Livret A, et l’accès est réservé aux ménages modestes. En outre, en l’état actuel, le LEP ne protège pas contre l’inflation (1,60% en 2018) malgré son taux de 1,25% net d’impôt. Bonne nouvelle : à partir de 2020, le taux du LEP sera aligné sur l'inflation.

Le Livret Jeune, avant 25 ans

Rendement et fiscalité. La rémunération du Livret Jeune est librement fixée par les banques à condition d’être au moins égale à celle du Livret A. Les rendements grimpent ainsi à 1,50%, 1,75%, 2% voire parfois 2,50% dans certaines banques, y compris les grands réseaux. Et les intérêts sont totalement défiscalisés.

Points forts. Un rendement potentiellement élevé, donc, dans certains établissements, et la disponibilité de l’épargne à tout moment.

Points faibles. Comme son nom l’indique, le Livret Jeune est réservé aux adolescents ou jeunes adultes, de 12 à 25 ans. Et ces derniers ne peuvent pas y déposer plus de 1 600 euros.

Les livrets bancaires, en cas de bonne affaire

Rendement et fiscalité. Certes, le rendement moyen affiché par la Banque de France est extrêmement faible (0,26%), et d’autant plus lorsque l’on applique le prélèvement forfaitaire unique (0,18%). Mais cette moyenne concerne l’ensemble des comptes sur livret. Or il subsiste quelques offres promotionnelles – ponctuelles – intéressantes : 2,50% sur 4 mois pour le Livret+ de Fortuneo ou 3,10% pendant 2 mois pour le Livret Distingo par exemple.

Points forts. En visant les offres les plus alléchantes, vous pouvez très ponctuellement atteindre des rendements rares pour de l’épargne sécurisée.

Points faibles. Ces bons plans potentiels restent soumis à certaines conditions, par exemple de conserver le livret jusqu’à la fin de l’année. Or, passée la période de bonification, relativement courte, l’épargne est rémunérée au taux de base du livret. Et les intérêts perçus grâce à ce taux promo sont soumis à l’impôt sur le revenu.

Le PEL, si vous avez un « vieux » plan

Rendement et fiscalité. Ouvrir un Plan épargne logement en 2019 ne permet pas de battre le Livret A, sauf si vous êtes non imposable (0,83% après cotisations sociales). Pour les autres, la rémunération contractuelle de 1%, désormais soumise à l’imposition dès la première année, donne un taux net de 0,70% après flat tax. En revanche, si vous possédez un « vieux » PEL, ouvert avant février 2015, vous bénéficiez toujours du taux garanti à 2,50%, ou à 2% si vous l’avez ouvert lors des douze mois suivants. Cette rémunération est alors uniquement soumise aux cotisations sociales (17,2%), et non à l’impôt sur le revenu, jusqu’au 12e anniversaire du plan.

Points forts. Dans l’actuelle conjoncture de taux bas, posséder un PEL avec un taux garanti de 2%, 2,50% voire plus pour les « très vieux » plans, constitue une aubaine : le capital est garanti, et le rendement contractuel est bien plus élevé que les taux annuels actuellement pratiqués sur le marché.

Points faibles. L’argent déposé sur le PEL est bloqué : si vous avez besoin d’une partie de l’épargne, vous devez casser le plan, et donc perdre le bénéfice de cette aubaine. Il faut en outre obligatoirement continuer d’alimenter le plan jusqu’à ses 10 ans, à hauteur de 45 euros par mois.

L’assurance vie, en visant les bons fonds en euros

Rendement et fiscalité. Le taux figurant dans le tableau, de 1,60% avant fiscalité, n’est que l’estimation du rendement moyen servi en 2018. Or les meilleurs fonds en euros servent une rémunération dépassant nettement les 2% sur l’année 2018. Par ailleurs, la partie impôt sur le revenu de la flat tax (12,8%) ne s’applique qu’en cas de retrait avant les 8 ans de détention du contrat. Passé 8 ans vous pouvez bénéficier d’un abattement annuel (4 600 euros de gains pour un célibataire) vous exonérant d’impôt sur le revenu. Autrement dit, un « bon » fonds en euros, rémunéré à 2% nets de frais de gestion, rapporte potentiellement 1,65% net par an si vous conservez votre contrat 8 ans. Un peu mieux que l’inflation actuelle.

Points forts. Fiscalité mise à part, l’enveloppe assurance vie offre plus de souplesse qu’un vieux PEL : vous pouvez verser et retirer des avoirs à volonté, la seule contrainte étant alors de soumettre les gains à la flat tax.

Points faibles. Attention à la sélection du contrat ! D’une part certains fonds en euros affichent des rémunérations proches de 1% hors fiscalité. D’autre part de très nombreuses assurances vie, à commencer par les contrats vendus en agence bancaire, intègrent des frais de versement qui rognent la rémunération de votre assurance vie : avec des frais d’entrée de 3%, un versement sur un fonds en euros rémunéré « standard » ne commencera réellement à vous rapporter de l’argent qu’au bout de 2 ans. Les contrats de certains assureurs mutualistes et de la plupart des banques et courtiers en ligne ne prévoient, eux, pas de frais sur versements.

Voir par ailleurs un comparatif d'assurances vie sans frais d'entrée