Le Livret A, produit d'épargne très répandu en France, a amassé en juin quelque 510 millions d'euros d'épargne, soit deux fois moins qu'en mai, selon des chiffres publiés ce 23 juillet par la Caisse des dépôts.

En mai, les montants déposés par les épargnants sur le Livret A avaient été plus de deux fois supérieurs, à 1,2 milliard d'euros, et ils avaient avoisiné les deux milliards d'euros en février, mars et avril. En dépit de ce ralentissement en juin, ce placement fait toutefois mieux qu'il y a un an, au mois de juin 2018 lors duquel il n'avait collecté que 280 millions d'euros.

De façon plus générale, la collecte du Livret A reste bien orientée depuis le début d'année : entre janvier en fin juin, la collecte nette, c'est-à-dire les dépôts moins les retraits, a atteint presque 11,6 milliards d'euros contre à peine plus de 9 milliards sur la même période en 2018. Le Livret A, qui sert notamment à financer le logement social en France, a connu un début d'année très dynamique en dépit d'un taux de rémunération à son plus bas niveau historique, à 0,75%.

Même constat pour le LDD

De son côté, son petit frère le Livret de développement durable et solidaire (LDDS) a enregistré en juin une collecte nette de 120 millions d'euros, inférieure aux 390 millions collectés en mai et aux 240 millions recueillis en juin 2018. Au total, la collecte nette réalisée par le Livret A et le LDDS réunis s'est ainsi élevée en juin à 630 millions d'euros, contre 520 millions l'an passé.

Sur la période allant de janvier à fin juin, la collecte nette cumulée sur ces deux placements a atteint 14,4 milliards d'euros, contre 10,8 milliards un an plus tôt. L'encours total d'épargne stationnant sur ces deux produits atteignait fin juin un peu moins de 406 milliards d'euros.

Les ménages relâchent leur effort d'épargne, estime Philippe Crevel

« Malgré un rendement réel négatif, après prise en compte de l'inflation, le Livret A a donc été plébiscité au cours du premier semestre. Les ménages ont décidé d'y affecter une grande partie des gains de pouvoir d'achat engrangés depuis la fin de l'année dernière (prime défiscalisée, versement anticipé des réductions d'impôt, etc.) Le climat économique anxiogène a contribué au report de dépenses en biens durables nécessitant de puiser dans l'épargne », a réagi dans une note d'analyse Philippe Crevel, le directeur du Cercle de l'épargne.

Mais « après avoir accentué leur effort d'épargne, les ménages commencent néanmoins à relâcher leur effort. La proximité des vacances qui s'accompagnent de dépenses importantes ainsi que la nécessité d'effectuer des achats reportés depuis plusieurs mois expliquent ce changement de rythme », poursuit l'analyste. « La fin de la crise des gilets jaunes et l'amélioration du pouvoir d'achat expliquent également ce petit regain d'optimisme rendant moins nécessaire le renforcement de l'épargne de précaution », ajoute-t-il encore, estimant que « comme l'année dernière, les six derniers mois de l'année devraient donc être moins favorables au Livret A ».