Avec des taux de crédit moyens à 4%, le prêt à taux zéro est une aubaine pour les emprunteurs qui peuvent y prétendre. Mais mieux vaut se dépêcher, car les conditions d'attribution se durcissent.

Le prêt à taux zéro (PTZ) est-il toujours une aubaine pour les emprunteurs, ou se transforme-t-il en vestige du passé ? Pour rappel, il s'agit d'un prêt gratuit, sans frais de dossier et sans intérêts, aidé par l'État et délivré par la banque en plus du prêt « classique ». Il est accordé sous certaines conditions (ressources, coût de l'opération...) aux personnes qui souhaitent devenir propriétaires de leur résidence principale.

Sur le papier, le PTZ est un véritable coup de pouce pour les emprunteurs concernés. Avec la forte hausse du coût du crédit ces derniers mois, « avoir une partie de son prêt avec un taux à 0% quand les taux sont à 4%, bien sûr que c'est une bonne chose, détaille Maël Bernier, porte-parole du courtier Meilleurtaux. Le problème, c'est que le prêt à taux zéro est aujourd'hui principalement distribué dans le neuf. Et comme acheter neuf coûte aujourd'hui très cher, il est de plus en plus difficile pour un acheteur qui peut prétendre au PTZ de financer son projet. »

Un nombre de PTZ octroyés en baisse

Dans son bilan annuel publié en juin 2023, la Société de Gestion des Financements et de la Garantie de l'Accession Sociale à la propriété (SGFGAS) constate d'ailleurs que « la production de PTZ a globalement chuté de 17% en 2022 à un peu plus de 63 000 PTZ après avoir connu un premier trimestre en hausse. »

Sur le dernier trimestre de 2022, seuls 16 569 PTZ ont été délivrés, contre 24 868 au dernier trimestre 2021, soit une baisse de 31,9%. Or, comme l'explique la SGFAS, « le 4ème trimestre affiche généralement le plus grand nombre d'émissions de PTZ, ce qui était le cas les années précédentes ». Et la chute s'est poursuivie sur le début d'année, avec 8735 PTZ au premier trimestre, contre 11 915 sur la même période un an avant.

Prêts à taux zéro accordés par trimestre
En 2021En 2022
1er trimestre

10 579

11 915

2e trimestre

19 909

18 803

3e trimestre

19 429

16 252

4e trimestre

24 868

16 569

Source : Société de Gestion des Financements et de la Garantie de l'Accession Sociale à la propriété (SGFGAS). PTZ neuf + ancien.

Comment expliquer cette situation ? « Le PTZ est principalement une solution pour les primo-accédants, relève Pierre-Etienne Beuvelet, directeur général d'In&Fi crédits. Or, ces derniers se détournent actuellement de l'achat immobilier, à cause des difficultés d'accès au crédit. »

Selon lui, cette tendance devrait se prolonger : « Le PTZ devrait être raboté et ne plus concerner le financement des maisons individuelles, qui sont des biens très recherchés. Ce produit va donc être mécaniquement de moins en moins sollicité. Ce n'est pas vraiment une surprise, car le gouvernement semble estimer que ce n'est plus à l'État de subventionner le marché privé immobilier. Les annonces d'Élisabeth Borne le 5 juin dernier suite au CNR Logement vont dans ce sens. »

Un PTZ recentré sur le logement collectif et la rénovation

En effet, la Première ministre avait annoncé le prolongement du prêt à taux zéro (PTZ), qui devait s'arrêter fin 2023, jusqu'en 2027, mais en recentrant le dispositif sur les « logements neufs en collectif » dans les zones tendues, et sur « les logements anciens sous conditions de rénovation » en zone détendue.

Pour profiter du PTZ tel qu'on le connait, les emprunteurs n'ont donc plus que quelques semaines, d'autant plus que « les banques continuent à instruire des dossiers jusqu'à mi-octobre début novembre, rappelle Cécile Roquelaure, porte-parole du courtier Empruntis. C'est vraiment la dernière ligne droite pour les emprunteurs qui voudraient en profiter. »

Crise du logement : le secteur de l'immobilier vent debout contre les annonces du gouvernement

Néanmoins, la donne pourrait encore changer. Mardi 12 septembre, le ministre délégué en charge du logement, Patrice Vergriete, déclarait réfléchir à « rouvrir le prêt à taux zéro aux sites en réindustrialisation qui ont besoin de beaucoup de logements. »

Le successeur d'Olivier Klein expliquait également auprès de Franceinfo que « les critères du Prêt à taux zéro (PTZ) ne permettent pas aux classes moyennes de pouvoir accéder » à la propriété, et que le gouvernement était en train de « regarder si on peut modifier ces critères pour permettre à plus de personnes dans ces zones très tendues de pouvoir accéder au prêt à taux zéro ».

En revanche, pas besoin de « construire partout en France, assure le ministre. Dans les centres-villes anciens, il n'y a pas besoin de constructions neuves, on a besoin de transformer les logements anciens qui existent. »

Une politique qui explique la volonté de mettre en place un PTZ vert, comme l'indiquait le ministre de l'Économie Bruno Le Maire en juin : « Sur le prêt à taux zéro, je souhaite que nous le recentrions sur les opérations les plus respectueuses de l'environnement, pour que nous ayons un prêt à taux zéro vert ».