Elisabeth Borne et Olivier Klein, la Première ministre et le ministre du Logement, ont présenté lundi 5 juin les mesures tirées du CNR Logement. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les professionnels du secteur sont loin d'être convaincus.

Un coup d'épée dans l'eau ? Lundi 5 avril, le gouvernement présentait les conclusions du conseil national de la refondation (CNR) consacré au logement. Alors que l'accès au crédit immobilier reste compliqué pour de nombreux ménages, que les prix de l'immobilier sont encore au plus haut, rendant également plus rares les biens à louer, et que le secteur de la construction souffre également, les professionnels attendaient beaucoup de ces mesures.

Hausse des coûts, prêts inaccessibles... Chute historique des réservations de logements neufs

La déception est donc à la hauteur des attentes. Alors que le secteur demandait par exemple un assouplissement des règles pour le crédit immobilier, un prêt à taux zéro (PTZ) ouvert à un public plus large ou encore une réflexion autour du statut du bailleur privé, c'est la douche froide. La Première ministre Elisabeth Borne, accompagnée du ministre du logement Olivier Klein, ont dévoilé plusieurs mesures, parmi lesquelles l'évolution du bail réel solidaire (BRS).

Des mesures « qui ne renversent pas la table »

Dans le même temps, le gouvernement a décidé de prolonger le prêt à taux zéro (PTZ), qui devait s'arrêter fin 2023, jusqu'en 2027. Mais le dispositif sera recentré sur les « logements neufs en collectif » dans les zones tendues, et sur « les logements anciens sous conditions de rénovation » en zone détendue. Une pilule difficile à avaler. « Le PTZ, qui constitue un levier important pour les primo-accédants se voit une nouvelle fois raboté », regrette le courtier Empruntis.

« Sacrifier le seul outil d'accession à la propriété dans le neuf, le Prêt à Taux Zéro (PTZ), dans plus de 90% des communes, c'est accroître la fracture entre ceux qui ont les moyens de choisir leur mode d'habiter et ceux qui seront assignés à résidence », renchérissent dans un communiqué commun une demi-douzaine d'organismes dont la Fédération française du bâtiment, le FNAIM et Pôle Habitat. De son côté, le dispositif Pinel est lui purement supprimé, et prendra donc fin en 2024.

Parmi les autres mesures prises, on peut noter le renforcement du dispositif MaPrimeRénov', avec 1 300 guichets « France Rénov » contre 450 actuellement et une augmentation des « accompagnateurs Rénov' » de 2 000 à 5 000. Ces mesures seront financées par la fin du dispositif Pinel et le recentrage du PTZ, a précisé Matignon.

Pas de quoi s'adjuger les félicitations du secteur de l'immobilier. « Il est évident que ces mesures ne renversent pas la table et c'est bien dommage. Les professionnels du secteur attendaient beaucoup de ce conseil mais il est resté bien timide. La hausse des taux de crédit et l'inflation mettent les Français dans une situation très difficile aujourd'hui, or pas un mot sur les contraintes trop strictes qui pèsent sur les établissements bancaires et par voie de conséquence nos concitoyens. Nous pouvons par ailleurs regretter que le bailleur privé ne soit même pas évoqué » analyse Maël Bernier, directrice de la communication de Meilleurtaux.

« Aucune des mesures annoncées par le gouvernement n'est de nature à répondre ni à l'attente des secteurs de la Promotion immobilière, du bâtiment, du logement Social, de la transaction immobilière, de la gestion locative, de la gestion des immeubles collectifs, des propriétaires privés ni au désarroi des Français face à l'angoisse de pouvoir se loger », conclut le Syndicat National des Professionnels Immobiliers (SNPI).

Face à la fronde, le gouvernement souhaitera-t-il revoir sa copie ? De prochaines mesures, visant à faciliter l'accès au crédit notamment pour les primo-accédants, pourraient survenir le 13 juin à l'occasion de la réunion du Haut conseil de stabilité financière (HCSF).