Après 10 ans de déclin, le crédit renouvelable attire à nouveau les Français. Mais quels sont les écueils à éviter avant de succomber aux charmes de la consommation à crédit ?

Retournement de tendance. Après 10 ans de chute quasi-ininterrompue, la production de crédit renouvelable a renoué avec la croissance, de près de 2% sur un an. Comment expliquer ce renouveau pour un produit, omniprésent dans les dossiers de surendettement, dont on pensait l’image durablement écornée ? L'association de prévention du surendettement Crésus voit, dans ce recours au crédit, la conséquence d'une baisse du pouvoir d'achat. Chez Cetelem en revanche, on estime que les établissements financiers « ont fait un gros travail d'évolution », suite au durcissement de la législation encadrant le crédit renouvelable avec les lois dites Lagarde (2010) et Hamon (2014) . Désormais, « les règles du jeu sont mieux fixées », selon la filiale spécialisée du groupe BNP Paribas. Reste des points sur lesquels il faut être vigilant. cBanque en a sélectionné trois.

Attention au coût d’utilisation !

« Payer en dix fois sans frais ». C’est encore souvent par le biais de ce type de promesse alléchante que les consommateurs mettent un pied dans l’univers du crédit renouvelable. Les facilités de paiement gratuites restent un des principaux arguments - avec les programmes de fidélité - mis en avant par les enseignes de la grande distribution pour écouler leurs cartes de crédit, qu’elles soient privatives ou non.

La première chose à faire avant de succomber est de vérifier la réalité de cette promesse de gratuité, en prenant le temps de détailler les conditions particulières de l’offre, qui ne sont « pas toujours très claires », déplore Maxime Pekkip, chargé de mission chez Crésus. Surtout, il faut se souvenir que ce crédit gratuit reste un crédit, dont le coût est simplement pris en charge par l’enseigne à des fins marketing. Ce qui ne sera pas le cas des utilisations ultérieures de la carte de crédit qui, elles, peuvent coûter très cher.

Un taux jusqu'à 21%

Rappel en effet : le taux maximum autorisé (également appelé taux de l’usure) sur les prêts d’un montant inférieur à 3 000 euros - crédits amortissables et renouvelables confondus - est de 21,2% au 1er trimestre 2019. Ce chiffre est calculé par la Banque de France en augmentant d'un tiers la moyenne des taux effectivement pratiqués par les banques. Ce qui situe cette moyenne autour des 16%.

Autre point de vigilance : les frais annexes. « Certaines enseignes ajoutent des assurances payantes, par exemple contre le vol ou la perte des moyens de paiement, qui ne servent souvent pas à grand chose », met en garde Maxime Pekkip. Là encore, il faut veiller à bien prendre connaissance des conditions du crédit, même a posteriori, et ne pas hésiter à exercer son droit de rétraction, qui court sur 14 jours à compter de l’acceptation de l’offre de prêt.

Attention à ne pas se précipiter !

Selon la Banque de France, 55% des crédits renouvelables sont désormais souscrits dans les agences bancaires, et de moins en moins sur les lieux de vente. Une bonne nouvelle pour la CLCV, qui estime que la présentation positive de ce type de crédit dans les magasins reste un problème. « On vous annonce qu’on va vous ''faciliter la vie'' avec un paiement échelonné sans frais. Mais pour cela, il faut prendre la carte de fidélité avec crédit renouvelable », développe Olivier Gayraud, juriste au sein de l’association de consommateurs. « Et plus tard, le même magasin vous relance en vous rappelant que vous disposez d’une ''réserve d’argent'' disponible. »

Eviter de se laisser surprendre en magasin

Et si « dans une agence, le banquier va prendre le temps de vérifier la solvabilité de l’emprunteur, sur le lieu de vente, c’est souvent plus compliqué », estime Olivier Gayraud. Dans la mesure du possible, mieux vaut donc éviter de se laisser surprendre en magasin, et prendre le temps de comparer les différentes manières de financer son achat, en allant notamment voir sa banque.

Attention au type d’achat !

Barbara Blanc, directrice marketing de Cetelem, le reconnaît : « L’idée n’est pas d’acheter de la nourriture à crédit, ou une voiture avec un crédit renouvelable (…) ». Financer des dépenses courantes de cette manière, notamment, est la porte ouverte aux pires ennuis. C’est d’ailleurs pourquoi certaines enseignes de grande distribution limitent les usages possibles de leurs cartes bancaires, en interdisant notamment l’usage de la fonction crédit pour les courses alimentaires.

Alors, quand le crédit renouvelable est-il pertinent ?

Dans un cas principalement : en alternative au découvert bancaire, pour financer une dépense exceptionnelle. Exemple : quand il faut remplacer son réfrigérateur en urgence, mais qu’on n’a pas les liquidités suffisantes. « La première fonctionnalité aujourd’hui, c’est le paiement fractionné (…), souvent moins cher qu’un découvert », confirme Barbara Blanc.

Pour exploiter ce filon, Cetelem vient ainsi de lancer Cpay, un crédit renouvelable qui intègre cette dimension de paiement fractionné, et permet à l’emprunteur de piloter son crédit après l’achat, en choisissant, dans un espace web, le nombre d’échéances ou le montant maximum de la mensualité. Voire de payer finalement comptant un achat effectué à crédit.

Quelques rappels sur la réglementation

Rappel : le crédit renouvelable consiste à mettre à la disposition du consommateur une somme d’argent qu’il peut utiliser pour faire des achats, le plus souvent par le biais d’une carte bancaire. Ce crédit disponible est reconstitué au fur et à mesure des remboursements effectués.

Voici quelques règles à connaître sur le sujet :

  • les terminaux de paiement dans les points de vente doivent proposer par défaut le paiement comptant. C’est au consommateur de choisir de payer à crédit.
  • la durée maximum de remboursement est de 36 mois pour les prêts d’un montant inférieur ou égal à 3 000 euros, et de 60 mois au delà ;
  • chaque échéance doit comprendre un remboursement minimal du capital ; si le montant de l’achat à financer est supérieur à 1 000 euros, le prêteur a l’obligation de présenter également une offre de crédit amortissable classique ;
  • le prêteur doit vérifier la solvabilité de l’emprunteur, y compris sur un lieu de vente ;
  • il doit informer chaque mois l’emprunteur de la situation de son crédit ;
  • la durée d’un crédit renouvelable est d’un an, reconductible chaque année après consultation des fichiers de la Banque de France recensant les informations sur les incidents de paiement ; tous les 3 ans, la solvabilité de l’emprunteur doit être à nouveau vérifiée ;
  • au bout d’un an sans utilisation du crédit, celui-ci est suspendu, ainsi que la carte qui va avec. Il peut ensuite être réactivé, pendant un an, par l’emprunteur. A défaut, le crédit renouvelable est résilié de plein droit au bout de deux ans sans utilisation.

Lire sur le sujet : le cadre légal du crédit renouvelable