Consensus chez les courtiers : en avril 2012, les taux fixes moyens des crédits immobiliers ont continué à baisser. Cette tendance, qui devrait se poursuivre, est particulièrement sensible pour les durées les plus courtes.

En avril, les taux fixes moyens ont baissé, quelle que soit la durée du prêt. S’appuyant sur les grilles envoyées par les banques début mai, Meilleurtaux estime les taux du marché à 3,75% sur 15 ans, 4% sur 20 ans et 4,31% sur 25 ans. « Le taux moyen sur 20 ans atteint le seul symbolique de 4% (-0,30 point depuis janvier) » annonce ainsi le communiqué du courtier, « revenant à son niveau de début 2011 et annulant un an de hausse ».

Les chiffres fournis par Empruntis, à partir de relevés effectués le 3 mai, sont très proches : 3,75% sur 15 ans, 4,05% sur 20 ans et 4,45% sur 25 ans. Mais le courtier souligne que ces taux moyens ne concernent pas les meilleurs dossiers, sur lesquels les banques font actuellement des efforts supplémentaires. « Récemment, nous avons passé un dossier à 3,50% sur 20 ans (...) » raconte Maël Bernier, la directrice de la communication d’Empruntis. « C’est de moins en moins exceptionnel, surtout quand les emprunteurs disposent d’une épargne après emprunt importante. »

Meilleurtaux observe de son côté que les baisses les plus franches concernent les durées les plus courtes. Un phénomène qui a eu tendance à s’accentuer en avril. « C’est une nouveauté 2012 » constate le courtier, « 30% des banques diminuent leurs taux pour les crédits à 20 ans et moins, les laissant stable au-delà. »

Attentisme et prudence

Cette tendance à la baisse profite-t-elle à la demande de nouveaux crédits immobiliers ? Pas vraiment. Tous s’accordent en effet pour pointer l’attentisme des emprunteurs et la prudence des banques. Pour Sandrine Allonier, responsable des études économiques de Meilleurtaux, « l’intérêt pour l’immobilier, valeur refuge, est toujours présent mais avec un attentisme lié au contexte économique, à l’élection présidentielle et à l’espoir d’une baisse des prix. »

Ainsi, le courtier observe deux mouvements contradictoires : d’un côté, le nombre de dossiers déposés sur son site au 1er trimestre 2012 a augmenté de 4% sur un an ; de l’autre, les dossiers aboutissant à la signature d’un compromis de vente reculent de près de 20% sur la même période. « On constate (...) une plus grande prudence des emprunteurs » poursuit Sandrine Allonier. « [Ils] se préoccupent de la recherche de financement plus en amont, bien avant d’avoir signé un compromis de vente, et demandent davantage de simulations. »

De son côté, Joël Boumendil, PDG du courtier ACE, évoque l’hypothèse d’un « retournement du marché, en faveur des acheteurs » : « Les dernières statistiques montrent un début de baisse des prix dans l’ancien, même à Paris. Il est encore difficile de se prononcer, mais il se pourrait que l’on assiste à une correction du marché dans son ensemble qui permettrait de redonner un peu d’air et de fluidité au secteur. » 

Une baisse durable des taux des prêts immobiliers ?

Autre question : les taux vont-ils continuer à baisser dans les prochains mois ? Hervé Hatt, le directeur général de Meilleurtaux, le pense : « Les taux devraient rester très avantageux au moins jusqu’en septembre d’autant que le taux de l’OAT 10 ans - taux de long terme servant de référence pour déterminer les taux de crédit - se maintient en dessous de 3% ». Empruntis est d’accord avec cette prévision, ajoutant que « la concurrence entre les banques [est] toujours de mise. »