Les taux fixes immobiliers ont continué à baisser en mars, pour se situer début avril à des niveaux comparables avec ceux du début de l’année 2011. La concurrence saisonnière entre les banques et l’amélioration de l’environnement macroéconomique expliquent cette bonne période.

Consensus chez les courtiers en crédits immobiliers : tous pointent actuellement des baisses des taux fixes. C'est le cas d'Empruntis, qui constate qu'au 4 avril, 9 banques sur 10 affichent des barèmes en diminution, de l’ordre de 0,05 point en un mois pour les durées longues - avec des taux du marché de 4,50% sur 25 ans et 4,95% sur 30 ans - et de 0,10 point pour les durées moyennes - 3,90% sur 15 ans et 4,15% sur 20 ans. Pour cette dernière durée, le taux fixe moyen se situait à 4,35% en janvier. « (…) Pour un emprunt de 200.000 euros sur 20 ans », explique Empruntis dans sa lettre mensuelle, « cela signifie une économie réalisée par mois de 21 euros et de plus de 5.000 euros sur le coût du crédit ».

La baisse est également « très significative » pour ACE, qui note des replis de 0,10 à 0,20 point sur toutes les durées en mars par rapport à janvier. Selon le baromètre d’avril du courtier, les meilleurs taux fixes se sont négociés le mois dernier à 3,30% sur 10 ans, 3,50% sur 15 ans, 3,81% sur 20 ans et 4,03% sur 25 ans.

Enfin, Meilleurtaux, troisième courtier à diffuser des statistiques mensuelles, annonce également une baisse générale des taux moyens au 3 avril : 3,87% sur 15 ans (–0,04 point par rapport à mars), 4,12% sur 20 ans (–0,08 pt), 4,38% sur 25 ans (–0,05 pt) et 4,79% sur 30 ans (–0,07 pt). Il signale néanmoins que certaines banques ont remonté leurs barèmes pour les durées les plus longues, « cherchant [ainsi] à privilégier les durées les plus courtes. » En effet, des taux en baisse ne signifient pas que les conditions d’octroi se desserrent, comme le rappelle Joël Boumendil, le PDG d'ACE : « (…) Ces taux avantageux n’enlèvent rien au fait que les banques, par sécurité, ne s’engagent qu’auprès de profils solides ayant un apport et qui empruntent sur des durées plus courtes. »

Mars, mois traditionnellement actif

Comment les courtiers expliquent-ils ces baisses sensibles, eux qui annonçaient unanimement le phénomène inverse en janvier ? Pour Hervé Hatt, directeur général de Meilleurtaux, « les banques ont des ambitions de conquête et ont la possibilité de mener cette politique de taux offensive tout en conservant des marges convenables. Certaines cherchent même actuellement à gagner des parts de marché sur le crédit immobilier et offrent ainsi des taux très avantageux avec des possibilités de négociations pour les dossiers de qualité. »

Joël Boumendil confirme la piste conjoncturelle : « (…) le mois de mars est traditionnellement une période active en matière de crédit immobilier, puisque la majorité des particuliers souhaitent déménager pour l’été. (...) Les banques se doivent d’être attractives pour ne pas louper le coche. » A fortiori, selon lui, « dans le contexte des élections présidentielles, souvent propice à l'attentisme. » Selon les chiffres de la Banque de France publiés en début de semaine, la production de crédits immobiliers a en effet été divisée par deux en février par rapport à la même période de 2011.

La concurrence est également un des arguments avancés par Empruntis, qui cite également le rôle des éléments macroéconomiques. L’OAT 10 ans (titre de dette souveraine française) reste en effet à un niveau très bas, tandis que la BCE poursuit sa politique de prêt particulièrement avantageuse. « L’opération a permis de [prêter aux banques] un volume total de 1.000 milliards d’euros à un taux directeur de 1%, son niveau historique le plus bas », rappelle Joël Boumendil, « leur permettant ainsi de répercuter ces conditions sur leurs propres taux. »