Selon l'Observatoire Crédit logement/CSA publié jeudi, la production de nouveaux crédits immobiliers a de nouveau chuté de 9,5% au mois d'avril, portant le recul en glissement annuel à 32,2% sur les quatre premiers mois de l'année.

« L'embellie de l'automne 2011 n'a pas suffi à inverser la tendance récessive du marché. Ce dernier se recentre sur une clientèle plus aisée à l'apport personnel croissant, au détriment des jeunes acheteurs notamment », a relevé Crédit Logement, établissement de crédit dont les actionnaires sont les grandes banques françaises et qui se présente comme le leader de la garantie des prêts immobiliers aux particuliers. « Le bouleversement du marché, très probablement, ne va pas s'arrêter », a déclaré Michel Mouillart, professeur d'économie à l'université Paris Ouest et l'un des auteurs de l'Observatoire, lors d'une conférence de presse.

L'Observatoire tablait sur une production de crédits immobiliers en forte baisse en 2012 à 130 milliards d'euros, après 160 milliards d'euros d'offres acceptées en 2011. Mais il anticipe désormais, selon Michel Mouillard, un recul à 120 ou 125 milliards cette année.

Le marché du neuf a cédé 13,5% en avril en rythme annuel, contre +46,2% un an plus tôt. Sur les quatre premiers mois, le recul ressort à 24,5% contre une hausse de 27,2% un an plus tôt. Dans l'ancien, le marché a retrouvé ses niveaux du printemps 2009 avec un repli à fin avril de 38,3% en glissement annuel alors qu'il progressait de 13,7% sur les quatre premiers mois de 2011.

Les taux baissent toujours

Les taux ont également continué de baisser (hors assurance et coût des sûretés) pour s'établir à 3,67% en avril après 3,87% en mars. Ils retrouvent leur niveau du printemps 2011, a souligné l'économiste.

Cette baisse a été constatée dans les trois segments du marché : neuf (3,72% contre 3,93% en février), ancien (3,67%, contre 3,97% en février) et travaux (3,62%, contre 3,93 en février). Elle s'accompagne d'une « réduction significative des durées moyennes de prêts octroyés ». La durée moyenne des prêts était de 200 mois en avril, contre 204 mois en mars lorsqu'elle avait connu une baisse inédite de huit mois (212 mois en février) et retrouvé un niveau datant de trois ans. « La baisse est maintenant aussi rapide dans l'ancien (213 mois en avril, contre 226 mois en moyenne en 2011) que dans le neuf (220 mois en avril, contre 233 en moyenne en 2011) », selon l'Observatoire.

Forte hausse de l'apport moyen

Dans un marché en récession et en pleine mutation (impact de la crise, reconfiguration du PTZ+ et du dispositif Scellier), l'Observatoire a constaté une forte progression de l'apport personnel, une réduction des montants empruntés mais une augmentation du coût moyen par opération. « Toutes les catégories de ménages sont concernées par la hausse de l'apport moyen. La suppression du PTZ+ a fait sortir du marché toute une partie des ménages, les plus modestes, ce qui a un effet mécanique sur le taux d'apport », a noté Michel Mouillart.

L'apport moyen atteignait 28,6% du coût de l'opération à fin avril (24,7% un an plus tôt). Les montants moyens empruntés sont passés de 152.900 euros en avril 2011 à 145.800 euros en avril 2012, tandis que le coût moyen par opération a grimpé à 204.300 euros (202.900 euros en avril 2011).