Les particuliers investissent massivement dans les ETF et de nouveaux véhicules d'investissement font leur apparition tous les jours. Pourquoi un tel succès ? Et comment sélectionner les meilleurs fonds pour votre portefeuille ?

Investir dans plusieurs centaines d'entreprises, d'un seul coup, avec des frais limités et un capital de départ de seulement quelques dizaines d'euros. Voilà, en quelques mots, la promesse que vous font les ETF – ou Exchange Traded Funds.

Le principe ? Vous achetez des parts dans un véhicule d'investissement collectif qui reproduit l'évolution d'un indice de référence ou d'un panier d'actions. Ces parts peuvent ensuite être achetées ou vendues en bourse à tout moment. Exactement comme des actions.

Il existe par exemple des ETF qui répliquent les performances du CAC40 – l'indice vedette de la place parisienne. Lorsque ce dernier progresse de 10%, les ETF – aussi appelés fonds indiciels ou trackers – qui imitent cet indice sont censés augmenter du même montant.

Les ETF n'ont rien de nouveau à proprement parler. Le premier de ces fonds a été créé en 1993 aux Etats-Unis. Mais depuis quelques années, leur popularité auprès des investisseurs particuliers a explosé, notamment en France.

Au deuxième trimestre 2023, ce sont ainsi près de 131 000 particuliers qui ont réalisé des transactions en ETF, contre 103 000 personnes à la même période en 2021, selon l'Autorité des marchés financiers (AMF). Soit une hausse de 27,2% sur 2 ans.

Résultat ? Le capital investi dans les ETF au niveau mondial a dépassé 7,86 trillions de dollars, selon les estimations du gestionnaire de fonds Black Rock. Soit presque 5 fois plus que 10 ans auparavant. Et la hausse devrait se poursuivre au cours des prochaines années.

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ETF thématiques ou diversifiés : quel rendement ?

Plusieurs explications à cela. Pour commencer, les ETF sont un excellent outil pour diversifier votre portefeuille. Pas besoin d'acheter plusieurs actions. Vous pouvez, avec quelques dizaines d'euros, vous exposer à un secteur d'activité ou une zone géographique.

Par exemple : le MSCI World est un indice boursier international qui agrège les actions des entreprises de 23 pays développés. Grâce aux ETF qui suivent cet indice, vous pouvez investir dans les 1 513 sociétés qui le composent. Et ce, en une seule transaction.

Ce succès, les ETF le doivent également à leurs excellentes performances comparément aux fonds « actifs ». Dans la dernière édition de son baromètre semestriel, le gestionnaire d'actifs Morningstar révèle ainsi que seuls 43% des fonds actifs ont surperformé leur indice de référence.

« Sur le long terme, le stock picking, c'est-à-dire le fait de choisir les actions dans lesquelles on investit, génère souvent des rendements moins attractifs que l'investissement passif via des ETF », estime Marc Tempelman, co-fondateur de la plateforme d'épargne Cashbee.

Les ETF thématiques, qui permettent de s'exposer à certains secteurs, comme l'intelligence artificielle, le luxe ou les énergies renouvelables, ont été parmi les plus performants ces dernières années, soulignait Morningstar dans une autre analyse.

Toutefois, ces perspectives de rendement plus importantes s'accompagnent d'un risque supplémentaire. « Les fonds thématiques restreignent le champ d'investissement et sont par conséquent synonymes d'une volatilité accrue », prévient Marc Tempelman.

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Des trackers à choisir en fonction des frais et de votre enveloppe

Autre point fort des ETF : des frais très compétitifs. « En moyenne, les ETF présentent des frais de gestion au moins 4 à 5 fois plus faibles que la gestion active », indique Mathieu Caquineau, analyste financier chez Morningstar.

Dans le détail, ces frais s'élèvent à 1,35% pour les fonds actifs, contre 0,32% pour les ETF. Mais derrière ces moyennes, se cachent parfois d'importantes disparités, en particulier du côté des ETF sectoriels.

« L'avantage tarifaire est très clair pour les trackers sur les grands indices », indique Marc Tempelman. « Mais le monde des ETF a explosé, avec des ETF cybersécurité, valeurs minières ou encore cannabis qui peuvent appliquer des frais se rapprochant de la gestion pilotée ».

Dernier atout des fonds indiciels : ces derniers peuvent être logés dans presque toutes les enveloppes. Cela inclut votre compte-titres, votre plan d'épargne en actions (PEA), ainsi que la plupart des contrats d'assurance vie.

Dans le cadre du PEA – en théorie limité aux seules actions françaises et européennes –, les fonds indiciels vous permettent même de vous exposer aux marchés d'actions étrangers, qu'ils soient américains ou asiatiques.

Cette éligibilité est possible grâce aux ETF dits « synthétiques ». Car si on parle souvent des trackers au sens large, il existe en réalité plusieurs types d'ETF. Ces derniers se distinguent principalement par la façon dont ils reproduisent leur indice de référence.

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ETF physique ou synthétique : quelles différences ?

Les plus simples à comprendre sont les trackers physiques. Pour les constituer, l'émetteur achète l'ensemble des titres inclus dans l'indice cible. Par exemple : si le gérant souhaite répliquer le CAC40, il acquiert les actions des 40 sociétés françaises qui le composent en respectant leur pondération dans l'indice.

Dans le cas des ETF synthétiques, en revanche, le gestionnaire n'a pas besoin de détenir les titres sous-jacents. Au lieu de cela, il passe un contrat avec une contrepartie – généralement une banque d'investissement.

Cette dernière est alors chargée d'apporter au gestionnaire la même performance que l'indice visé. Résultat : un ETF synthétique répliquant le S&P500 américain, qui suit le cours des 500 plus grandes sociétés cotées aux Etats-Unis, peut s'avérer éligible au PEA.

Les ETF synthétiques sont souvent moins chargés en frais que les trackers physiques. Pourtant, ils sont moins populaires auprès des épargnants. En cause : un risque inhérent à ce type de fonds indiciels.

« Les ETF dits synthétiques comportent un risque de contrepartie qui survient si l'intermédiaire avec qui l'émetteur de l'ETF a passé contrat n'est plus en mesure de fournir la performance de l'indice. C'est le cas s'il fait faillite par exemple. En pratique, ce risque est toutefois diversifié et surveillé étroitement », pointe Mathieu Caquineau.

Que vous optiez pour un ETF synthétique ou physique, il existe plusieurs indicateurs permettant d'évaluer la qualité d'un fonds indiciel. Parmi ceux-ci, l'écart de performance entre la valeur du tracker et son indice de référence, aussi appelé tracking difference.

« Pour faire simple, plus la tracking difference est élevée, moins l'ETF est proche de son indice de référence, ce qui n'est pas un bon signe », résume Marc Tempelman. Mais d'autres facteurs sont également à prendre en compte pour choisir vos ETF.

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Certains marchés moins propices aux trackers

À commencer par le marché sur lequel vous souhaitez investir. Car tous ne se prêtent pas forcément à l'investissement passif. « Sur le marché des actions américaines, les ETF sont attractifs, car les indices sont très difficiles à battre sur le long terme », observe Mathieu Caquineau.

« En revanche, sur certains marchés, les gérants actifs performent mieux. C'est notamment le cas sur les marchés émergents, qui se caractérisent par un univers d'investissement très large, des devises plus volatiles et des cycles macro-économiques différents », reprend l'analyste.

La sélection de l'indice peut – elle aussi – s'avérer compliquée. Pour un même marché, il existe en effet une multitude d'indices. Aux Etats-Unis, par exemple, les 3 principaux indices – le Dow Jones, le S&P500 et le Nasdaq – cohabitent avec des dizaines d'indices secondaires.

Or ces différents indices produisent des performances souvent disparates. Entre 2018 et 2021, la performance du Lyxor DJ Global Titans 50 dépasse par exemple +67%, contre +37% pour le Lyxor MSCI World UCITS ETF Monthly Hedged. Soit un écart de rendement de 23% entre ces trackers, qui font pourtant tous deux partie de la catégorie actions monde.

« Ne vous arrêtez pas au nom du tracker. Prenez le temps de lire le document d'information clé pour comprendre la stratégie du fonds, les frais applicables, ainsi que le niveau de risque », conseille Marc Tempelman.

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Liquidité du tracker

Autre point à ne pas négliger : intéressez-vous à la société qui émet le tracker. Car mieux vaut confier votre argent à des grands noms du secteur, reconnus pour leur fiabilité, comme Lyxor, Amundi, iShares ou encore Ossiam.

Pour finir, privilégiez les ETF avec un bon niveau de liquidité. Car un véhicule boursier, quel qu'il soit, présente ce que les gestionnaires appellent un risque de spread lorsqu'il s'échange peu. Autrement dit, les écarts entre les prix d'achat et les prix de vente se tendent.

« L'ETF étant coté en continu sur le marché, son prix peut s'éloigner de sa valeur liquidative lorsque vous achetez ou vendez. En général, le volume d'ordres fait que l'écart est très faible. Mais, parfois, lorsque l'ETF est peu liquide, un décalage important peut survenir », explique Mathieu Caquineau.

Pour l'investisseur, cela représente un coût caché. Il est toutefois possible de se prémunir contre ce risque de liquidité. « L'épargnant peut notamment regarder le volume d'ordres passés et la différence entre les prix d'achat et de vente historiques », poursuit l'analyste.

En cas de décalages importants et récurrents, cela signifie que les fonds indiciels pourra présenter un coût caché à la vente. C'est pourquoi il est recommandé d'investir sur des fonds indiciels ayant une capitalisation d'au moins 100 millions d'euros.

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En résumé :

Pour bien débuter avec les ETF et faire les bons choix pour votre portefeuille :

  • Sélectionnez le marché qui vous intéresse (secteur d'activité, zone géographique...) et choisissez l'indice qui correspond le mieux à ce périmètre.
  • Interrogez-vous sur le support d'investissement dans lequel vous souhaitez loger votre ETF (compte-titres, PEA ou assurance-vie) et assurez-vous que ce fonds est éligible.
  • Comparez les frais de gestion des différents ETF, ainsi que les frais de courtage, et ouvrez un compte chez le prestataire le plus compétitif.
  • Assurez-vous que l'ETF est suffisamment liquide et que sa capitalisation est suffisante, puis vérifiez la réputation de la société émettrice.
  • Évaluez la qualité de l'ETF à l'aide d'indicateurs financiers comme la « tracking reference » ou encore la « tracking error ».