Déjà très populaires aux Etats-Unis, les fractions d'actions portent la promesse d'un investissement accessible à tous sur les marchés financiers. Mais la pratique n'est pas sans risque.

En théorie, l'investissement en actions se veut à la portée de toutes les bourses. Et même si vous avez un budget serré, vous pouvez investir dans les actions d'entreprises françaises prestigieuses, comme le Crédit Agricole (8,50 euros), Orange (10,50 euros), ou encore Engie (11,15 euros). Mais ce n'est pas vrai pour tous les titres.

Certaines actions s'échangent à des prix prohibitifs pour les investisseurs les plus modestes. Par exemple, il faut aujourd'hui dépenser 148 euros pour acquérir une action de la compagnie Apple. Pire : les titres du géant du luxe Hermès s'échangent autour de 1 146 euros. De quoi décourager les petits porteurs souhaitant se positionner sur ces valeurs.

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Investir à partir de 1 euro

Du moins, jusqu'à présent. Car les choses changent : la plupart des néo-courtiers comme BUX, Lydia et Trade Republic proposent désormais à leurs utilisateurs d'acheter des fractions d'actions à partir de quelques euros. « Un euro, c'est tout ce qu'il vous faut pour miser sur LVMH ou Apple et devenir investisseur dans les entreprises les plus valorisées du monde, grâce aux actions fractionnées », promet par exemple Lydia, qui a exécuté plus de 700 000 ordres pour le compte de ses utilisateurs depuis le lancement de sa fonctionnalité de trading, fin 2021.

L'idée a de quoi séduire. Et elle n'est sans doute pas étrangère au succès croissant de la bourse chez les jeunes, souvent moins aisés financièrement que leurs aînés. Car aujourd'hui, près de 5% des moins de 25 ans détiennent des actions, contre 2,4% en 2019. Il s'agit d'un « taux historiquement élevé », insiste l'Autorité des Marchés Financiers (AMF) dans la Lettre de l'observatoire de l'épargne de juin 2022.

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Produits dérivés

Toutefois, les offres d'investissement fractionné « n'expliquent pas toujours très clairement ce dans quoi vous investissez », prévient l'AMF. Car l'appellation de « fractions d'actions » recouvre en réalité plusieurs types d'offres. Et toutes ne se valent pas.

Chez certains courtiers, vous achetez effectivement des fractions de vraies actions. Et ces dernières sont regroupées en actions « entières » lorsque vous en détenez suffisamment. Vous bénéficiez alors des mêmes droits que les autres investisseurs. A savoir la possibilité de percevoir des dividendes et de voter lors des assemblées générales.

Mais le plus souvent, ce que les courtiers vous proposent en réalité, c'est d'investir dans des produits dérivés. Sur le papier, ces instruments financiers répliquent la performance d'une action dans les moindres détails. Toutefois, vous n'êtes pas propriétaire d'une action à proprement parler. Et cela peut poser plusieurs problèmes.

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Pas de droits

Premièrement, « vous n'avez aucun droit de vote, aucun droit direct et automatique de percevoir les dividendes », alerte l'AMF. Or si vous ne percevez pas de dividende, votre seule façon de gagner de l'argent est de réaliser une plus-value au moment de la revente de vos produits dérivés. C'est un mode d'investissement risqué, faisant la part belle au trading plutôt qu'à l'investissement long terme, et qui ne convient donc pas à tous les profils d'investisseurs.

Par chance, la pratique n'est pas systématique. « Certains de ces instruments peuvent (...) vous donner droit à un versement périodique reflétant le dividende », reconnaît l'AMF. Pour en avoir le cœur net, « il est important de bien lire la documentation commerciale et réglementaire », rappelle le gendarme des marchés financiers. Autrement dit : assurez-vous de bien comprendre ce que l'on vous propose d'acheter.

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Placement risqué

Autre point noir : les fractions d'actions vous exposent à un risque de crédit, puisqu'en souscrivant un produit dérivé, vous devenez créancier de son émetteur. En cas de faillite, ce dernier pourrait ne pas être en mesure d'honorer ses engagements. Avant d'investir, renseignez-vous par conséquent sur la santé financière de l'émetteur. Et vérifiez que vos placements sont couverts par la « garantie titres » du Fonds de garantie des dépôts et de résolution (FGDR). Ainsi, vous serez indemnisé en cas de défaillance de votre établissement.

Pour finir, vous ne pouvez pas céder vos fractions d'actions sur les marchés boursiers classiques. La vente de vos actifs se fera le plus souvent sur un marché secondaire organisé par votre intermédiaire sur sa propre plateforme. Dès lors, votre capacité à revendre vos fractions d'actions dépendra de la liquidité des produits sur ce marché secondaire. « Il est (...) important de vous renseigner sur les possibilités de céder tout ou partie de votre investissement et à quelle valeur », met en garde l'AMF. « Cela peut ne pas s'avérer simple ».

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