En trois ans, 1,1 million de nouveaux investisseurs se sont lancés sur les marchés d'actions, selon l'Autorité des marchés financiers (AMF). Et tous se sont posés cette question fatidique à leurs débuts : est-il plus intéressant d'ouvrir un compte-titres... ou un PEA ?

Le Plan d'épargne en actions (PEA) signe son grand retour. Après avoir connu la gloire au milieu des années 2000, avec plus de 7,3 millions de plans ouverts, ce produit d'épargne a longtemps été boudé par les Français. Si bien qu'après la crise financière de 2008, le nombre de PEA était tombé sous la barre des 4 millions.

Mais depuis quelques années, la tendance s'est inversée. A tel point qu'au premier trimestre 2022, la Banque de France recensait plus de 5,1 millions de PEA ouverts. Alors faut-il, vous aussi, opter pour ce produit d'épargne ou pour un compte-titres ordinaire si vous souhaitez investir sur les marchés d'actions ? La réponse en 4 rounds.

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Round #1 : la fiscalité

Le principal atout du PEA ? Sa fiscalité. « Le plan d'épargne en actions est l'un des enveloppes fiscales les plus avantageuses pour les épargnants », confirme Philippe Crevel, directeur du Cercle de l'Épargne.

Pour commencer, les plus-values et les dividendes obtenus sur votre PEA ne sont pas fiscalisés tant que vous ne sortez pas d'argent de votre plan. Résultat ? Si vous faites 1 000 euros de plus-value, vous pouvez directement réinvestir ces 1 000 euros sur d'autres actions. Et la fiscalité ne grèvera pas vos résultats.

Par contraste, dès que vous générez des gains sur un compte-titre, ces derniers sont soumis à une flat tax de 30%. Autrement dit, si vous faites 1 000 euros de plus-value, vous devrez payer 300 euros d'impôt en fin d'année. Et ce, même si vous avez immédiatement réinvesti vos gains dans d'autres titres.

Toutefois, la vraie force du PEA, c'est qu'après 5 ans de détention, tous vos gains sont exonérés d'impôt sur le revenu. En cas de retrait ou de clôture du plan après cette échéance, seuls les prélèvements sociaux (17,2%) s'appliquent.

Mais attention ! « Tout retrait, même partiel, effectué avant le cinquième anniversaire de votre plan entraîne sa clôture », prévient Philippe Crevel. Pire : tous les gains réalisés depuis l'ouverture seront alors soumis à la flat tax de 30%, comme dans le cas d'un compte-titres ordinaire.

Seules exceptions : le retrait ou rachat partiel est autorisé en cas de création ou reprise d'une entreprise, de licenciement, d'invalidité ou de mise à la retraite anticipée du titulaire du PEA ou de son conjoint.

Fiscalité : avantage PEA !

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Round #2 : les supports éligibles

Si vous optez pour un compte-titres ordinaire, l'univers d'investissement qui s'ouvre à vous est illimité. Vous pouvez par exemple y loger des obligations, des devises ou encore des produits de taux. Et ce, toutes régions du monde confondues.

A l'inverse, le PEA se plie à deux contraintes. La première, c'est que vous ne pouvez investir que dans certains actifs : les actions, les fonds indiciels (ETF), et les parts de sociétés d'investissement à capital variable (SICAV) ou de fonds communs de placement (FCP). Mais surtout, vous ne pouvez investir que dans des sociétés européennes, ce qui pose un double problème.

Pour commencer, vous perdez la possibilité d'assurer une bonne diversification géographique de votre portefeuille. En cas de ralentissement économique dans la zone euro, toutes vos positions seront donc potentiellement affectées.

Mais ce n'est pas tout : en moyenne, les marchés européens sont moins dynamiques que les marchés américains. Au cours des 10 dernières années, le CAC 40 a par exemple progressé de +87%. Sur la même période, le S&P 500, qui suit la valorisation de 500 des plus grandes entreprises américaines, a augmenté de +165%.

Le développement des ETF, ces fonds indexés sur un indice, permet toutefois de contourner (en partie) cette limitation. « Certains gestionnaires de fonds, comme Amundi ou Lyxor, proposent des ETF investis en actions européennes – et donc éligibles au PEA – tout en étant capables de répliquer le cours de certains indices internationaux, comme le S&P 500 », observe Philippe Crevel.

Supports éligibles : avantage compte-titres !

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Round #3 : les frais de courtage

Lorsque vous passez un ordre d'achat ou de vente, votre courtier vous facture des frais de courtage. Or, depuis juillet 2020, ces frais sont plafonnés pour les PEA. Résultat ? Un ordre de 1 000 euros passé auprès de votre banque via internet coûtait 8 euros en 2019. Soit 0,8% du montant de l'ordre, selon l'AMF. Deux ans plus tard, en 2022, le tarif moyen de cet ordre « web » de 1 000 euros est tombé à 5 euros (0,49%).

Toujours selon l'AMF, les frais de courtage sont légèrement plus élevés (en moyenne) sur un compte-titres. Ainsi, pour ce même ordre de 1 000 euros, la facture est restée de 8 euros sur les compte-titres commercialisés par les banques. « Dans une banque, il est souvent moins coûteux de passer ses ordres depuis un PEA que depuis un compte-titres », conclut le gendarme financier.

Cette démarcation est toutefois moins marquée chez d'autres acteurs. Après avoir étudié les grilles tarifaires de 10 néo-brokers, ces courtiers nouvelles générations, l'AMF a calculé un coût moyen, PEA et comptes-titres confondus, de 2,50 euros (0,25%) pour un ordre de 1 000 euros.

Tarifs : avantage PEA !

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Round #4 : les plafonds

L'un des inconvénients du PEA, c'est qu'il est plafonné. « Les versements cumulés ne peuvent pas excéder 150 000 euros sur le PEA classique. Si vous avez atteint ce plafond, il est toutefois possible d'ouvrir un PEA-PME et d'y verser jusqu'à 75 000 euros supplémentaires », rappelle Philippe Crevel. Le compte-titres, lui, n'est soumis à aucun plafond.

Plafonds : avantage compte-titres !

Conclusion :

  • Le PEA est plus avantageux sur le plan fiscal.
  • Le compte-titres vous offre plus de flexibilité dans la gestion de votre portefeuille et une plus large sélection de titres.
  • L'idéal, selon nous ? Combiner ces deux produits d'épargne, qui sont finalement très complémentaires. Vous profiterez ainsi de la fiscalité imbattable du PEA tout en conservant la possibilité de loger une large sélection d'actifs sur votre compte-titres.

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