La Banque du Japon n'a pas modifié vendredi son taux directeur, maintenu entre 0% et 0,1%, mais a relevé ses prévisions d'inflation, invoquant la récente hausse des cours du pétrole et la dissipation des effets des mesures anti-inflation du gouvernement.

Ce statu quo était largement attendu mais a aussitôt eu pour effet de faire encore davantage chuter le yen par rapport au dollar : le billet vert a brièvement franchi la barre des 156 yens peu après les annonces de la BoJ, un nouveau record depuis 1990.

« Il est nécessaire d'accorder une grande attention aux développements sur les marchés financiers et des changes et à leur impact sur l'activité économique et les prix au Japon », a commenté la BoJ dans un communiqué, mais sans remettre en cause son cap monétaire, toujours accommodant.

Un yen faible est généralement considéré comme un avantage pour les nombreuses entreprises exportatrices du Japon.

Mais en renchérissant également les importations du pays, la dégringolade du yen pèse en même temps sur la consommation intérieure et alimente une inflation « importée »: le contraire d'une hausse des prix stimulée par des augmentations de salaires et la demande, la configuration que la BoJ souhaiterait entrevoir avant de resserrer davantage les vannes du crédit.

Le ministre japonais des Finances Shunichi Suzuki, qui s'exprime quasi quotidiennement ces temps-ci sur le yen, avait estimé plus tôt ce vendredi que sa dépréciation a « des aspects positifs et négatifs », mais qu'à l'heure actuelle le gouvernement « s'inquiète de ses aspects négatifs ».

Une prochaine intervention du Japon sur le marché des changes pour donner un peu de répit au yen, comme déjà en 2022, paraît de plus en plus probable si il continue de se déprécier aussi brutalement que ces dernières semaines.

La BoJ s'attend désormais à une hausse des prix à la consommation (hors produits frais) de 2,8% sur l'exercice 2024/25 entamé le 1er avril, contre 2,4% lors de ses précédentes projections en janvier. Elle prévoit une inflation de 1,9% en 2025/26, contre 1,8% précédemment.

L'institution a aussi livré vendredi sa première prévision d'inflation pour 2026/27 (1,9% également), soit juste en-dessous de son objectif d'une inflation stable de 2% hors produits frais.

S'agissant de la croissance économique japonaise, la BoJ table sur un ralentissement en 2024/25 (+0,8% contre +1,2% anticipé en janvier) mais a laissé inchangée sa prévision de PIB pour 2025/26, à 1%. Elle mise aussi sur une croissance de 1% en 2026/27.