A la demande du gouvernement, les grandes banques de détail ont déployé des dispositifs exceptionnels en soutien des clients touchés par les émeutes qui ont eu lieu en France après le meurtre de Nahel M., le mardi 27 juin.

Selon un décompte de la Fédération bancaire française (FBF), 370 agences bancaires ont été vandalisées, dont 80 détruites ou incendiées, depuis le déclenchement des émeutes, il y a une semaine. 40% se situent en région parisienne. Ces violences ont également affecté les clients de ces agences qui, pour certains, ont subi des dégradations sur leurs biens, notamment leurs automobiles.

Au terme d'une réunion avec Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie, la profession bancaire s'est engagée « à la simplicité et à la rapidité » dans le traitement des besoins des clients, a expliqué Philippe Brassac, président de la FBF et directeur général de Crédit Agricole SA.

Prêt à taux zéro

Les trois principaux réseaux mutualistes ont, ces derniers jours, communiqué sur les mesures exceptionnelles mises en œuvre pour leurs clients. Le groupe BPCE (Banque Populaire - Caisse d'Epargne) a dégainé un prêt à taux zéro, jusqu'à 10 000 euros, destiné à financer le remplacement d'un véhicule incendié ou détruit, ainsi qu'un crédit spécial « reprise d'activité » à taux zéro pour les pros, jusqu'à 30 000 euros.

Le Crédit Mutuel et le CIC se sont engagés, dès lundi, à trouver « des solutions adaptées au cas par cas, notamment la suspension des échéances de crédit et/ou des découverts autorisés exceptionnels ». Le Crédit Agricole a promis des annulations de franchise ou la possibilité de report d'échéances de crédits, concernant les biens dégradés ou détruits.

Le réseau SG (ex Société Générale), enfin, a promis « une prolongation du délai de déclaration des sinistres à 1 mois et une accélération du processus d'indemnisation, avec l'appui des sociétés d'expertise », ainsi que « des avances sur indemnisation » octroyées au cas par cas. « Un dispositif exceptionnel de prise en charge de la franchise » a également été mis en place pour les clients de Société Générale Assurances dont le véhicule a été incendié ou dégradé et ne peut pas faire l'objet de réparations.

Le ras-le-bol des salariés de la banque

Dans un communiqué daté du 30 juin, Frédéric Guyonnet, président national du SNB/CFE-CGC, premier syndicat du secteur, a exprimé le ras-le-bol des salariés, « fatigués d'être sans cesse la cible des violences et des incivilités » : « Sans les banques, la très grande majorité des clients ne pourrait pas réaliser leur rêve : achat de sa résidence principale, création d'entreprise, achat de véhicule... Il faut le rappeler. Nous sommes là pour accompagner les clients et il faut arrêter de voir les employés de banque comme des voleurs. »

Selon Les Echos, certains dirigeants de banques envisageraient de ne pas rouvrir les agences détruites. Une perspective qui inquiète le patron du SNB/CFE-CGC, alors que près de 4% des points de vente ont déjà disparu en 2022 : « Nous sommes pour un fort maillage du territoire des agences bancaires afin d'être en proximité avec nos clients. La violence faite à l'encontre de nos marques ne doit pas remettre en cause ces implantations. »