Au 1er semestre, les principaux groupes français ont affiché des bénéfices nets en forte progression, même comparés à l’avant-crise sanitaire. Voici les éléments qui permettent d’expliquer ce rebond.

4,7 milliards d’euros pour BNP Paribas ; 4,5 milliards pour le groupe Crédit Agricole ; 1,9 milliard pour BPCE ; 2,1 milliards pour le Crédit Mutuel Alliance Fédérale ; 2,2 milliards pour la Société Générale… Les résultats nets part du groupe du 1er semestre, présentés ces dernières semaines par les banques françaises, feront date. Toutes affichent en effet de fortes croissances par rapport à 2020, année à part en raison du déclenchement de la crise sanitaire, mais aussi par rapport à l’avant-crise, en 2019. Et ce de manière encore plus sensible au 2e trimestre qu’au premier. Comment expliquer cette embellie ? Elle a bien sûr beaucoup à voir avec l’évolution de la crise sanitaire. Voici pourquoi.

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La baisse du coût du risque

Il y a 18 mois, le déclenchement de la crise du Covid, avec la mise en place d’un confinement des particuliers à leur domicile, a projeté le secteur bancaire, comme le reste de la sphère économique, en terres inconnues. Quel serait l’impact de cette situation inédite sur les revenus des ménages et des entreprises ? Face à cette incertitude, toutes les banques ont eu le même réflexe : faire des réserves pour affronter les éventuels coups durs, en particulier une vague massive d’incidents de remboursements de crédits et de faillites.

Plus d’un an plus tard, le Covid est toujours là, mais le scénario catastrophe ne s’est pas réalisé. Dans l’immédiat, selon la Banque de France, le nombre de défaillances d’entreprises se stabilise à un niveau historiquement bas : moins de 28 000 sur un an en juillet 2021. Du côté des ménages, les nouvelles situations de surendettement, à fin mai 2021, restent en repli de 18,5% par rapport aux 5 premiers mois de 2019.

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Dans ce contexte, les banques font beaucoup moins de provisions, qui viennent baisser directement leurs revenus. Toutes ont ainsi annoncé de fortes baisses du coût du risque par rapport à 2020 : -40,5% chez BNP Paribas, -54,1% au Crédit Agricole, -44,6% chez BPCE, -82,1% au Crédit Mutuel Alliance Fédérale, -80,1% à la Société Générale. Des baisses qui leur permettent de consolider leurs résultats.

L’embellie boursière

Le Covid semble également moins inquiéter les bourses. Les connaissances accumulées sur l’épidémie, l’adaptation des populations et la vaccination éloignent le spectre d’un nouvel arrêt brutal de l’économie. Par ailleurs, la persistance de l’épidémie est « plutôt vu positivement par les marchés, car cela peut justifier du maintien de la politique monétaire accommodante », explique à MoneyVox Vincent Boy, analyste marché chez IG France.

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Résultat : le CAC 40, l’indice boursier phare de la Bourse de Paris, a progressé de 23% depuis le début de l’année et se rapproche de son record historique de septembre 2000 (6 922 points). Une embellie qu’on retrouve, à des degrés divers, sur toutes les grandes places financières et qui soutient l’activité des banques de financement et d’investissement des groupes français.

Le retour des emprunteurs

Le principal levier de croissance actuel des revenus des banques françaises est toutefois à chercher ailleurs : dans le très fort rebond de l’activité commerciale dans la banque de proximité. Pourtant, la banque de détail à destination des particuliers et des entreprises apparait depuis des années comme le pilier le plus fragile du modèle des banques universelles à la française. Mais le Covid a changé la donne, au moins à court terme.

La raison est assez simple. Depuis le déclenchement de la crise, les Français qui pouvaient se le permettre ont mis de côté d’énormes quantités de liquidités : 124 milliards d’euros, sur un an, à la fin du 1er trimestre 2021, selon l’estimation de la Banque de France. En partie parce que les contraintes sanitaires les ont empêchés de les dépenser, mais aussi par précaution, face à la peur de perdre son emploi ou de subir des pertes de revenus.

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Avec l’amorce d’une sortie de crise, grâce notamment à la campagne de vaccination, la confiance revient. Résultat : vous commencez sans doute à vous poser la question de faire quelque chose de cette épargne exceptionnelle. Une partie du pactole passe dans la consommation, qui retrouve ses niveaux d’avant-crise. Mais il permet également de financer des projets, comme celui de devenir propriétaires.

Le marché immobilier connaît ainsi actuellement une véritable frénésie, renforcée par une conjoncture de taux particulièrement favorable. Selon les statistiques publiées par les notaires, 1,1 million de biens anciens se sont vendus de fin mai 2020 à fin mai 2021 mai, un niveau jamais vu depuis 2000. Les banques, en toute logique, en profitent : toutes affichent actuellement des productions de crédits impressionnantes. Premier prêteur de France, avec près de 35% du marché en 2020, le Crédit Agricole a annoncé avoir accueilli près de 650 000 nouveaux clients depuis le début de l’année dans ses caisses régionales. Entre juin 2020 et juin 2021, leurs encours de crédits à l’habitat ont progressé de 7,4%, pour atteindre 352 milliards d’euros. Cela se ressent sur leurs résultats nets : près de 1,4 milliard au 1er semestre, en hausse de 41,8% sur un an.

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Les épargnants diversifient

Le décaissement de « l’épargne Covid » profite aussi aux placements, et particulièrement à l’assurance vie, autre produit très profitable pour les banques. Selon la Fédération française de l’assurance (FFA), 10,7 milliards d’euros supplémentaires y ont été placés sur les six premiers mois de l’année. La collecte nette des seules unités de compte, supports plus risqués, mais potentiellement plus rémunérateurs que les fonds euros, dépasse même les 19 milliards d’euros, signe que les Français ont profité du contexte pour diversifier leur épargne.

Toutes les banques ont profité de cette tendance. Les assurances vie distribuées par le Crédit Mutuel Alliance Fédérale, par exemple, ont enregistré au 1er semestre une collecte brute de 3,2 milliards d’euros, en hausse de 46,3% par rapport à 2020.

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