Une tribune collective d’économistes publiée dans le quotidien Le Monde dénonce la nomination de François Villeroy de Galhau à la Banque de France. Ces 150 universitaires estiment que son passé à la tête de BNP Paribas « met à mal son indépendance » et s'inquiètent d'un potentiel « grave problème de conflit d’intérêts ».

Le 8 septembre, François Hollande a annoncé « envisager de nommer » François Villeroy de Galhau, directeur général délégué de BNP Paribas jusqu’en avril dernier, gouverneur de la Banque de France. Christian Noyer, actuellement en poste, est en effet en fin de mandat. Pour que la nomination soit effective, elle doit encore être entérinée par les commissions compétentes de l'Assemblée nationale et du Sénat.

Cette très probable nomination déplaît fortement à 150 économistes, pour la plupart universitaires, qui co-signent une tribune dans Le Monde daté du mardi 15 septembre. Parmi les signataires figurent le très médiatique Thomas Piketty, mais aussi François Morin, professeur émérite et ancien membre du conseil général de la Banque de France, Xavier Timbeau, directeur principal de l’OFCE, ou encore Philippe Lamberts, eurodéputé EELV et négociateur des textes européens de régulation bancaire (CRD4/CRR et BRRD). Jézabel Couppey-Soubeyran, Laurence Scialom et Anne-Laure Delatte sont à l’origine de cette tribune.

L’impartialité est « illusoire » dans son cas

« Il est totalement illusoire d’affirmer qu’on peut avoir servi l’industrie bancaire puis, quelques mois plus tard, en assurer le contrôle avec impartialité et en toute indépendance », écrivent-ils, soulignant que le « secteur bancaire est particulièrement propice aux conflits d’intérêts ».

Et les signataires de faire la promotion d’autres profils : « Ce n’est pas comme si le président de la République n’avait pas eu le choix », évoquant une possible promotion interne. Et parmi les candidats externes, la candidature de Benoît Cœuré avait plutôt leurs faveurs : « Un économiste français, ancien de la direction générale du Trésor, actuel membre du directoire de la BCE, présentait aussi les gages d’expertise comme d’indépendance vis-à-vis des pressions politiques et de celles du lobby bancaire, avec en outre à son actif un curriculum académique qui, à peu près partout ailleurs qu’en France, aurait constitué un atout pour recruter un banquier central. »