Crédit Agricole, qui a dégagé un bénéfice net en hausse et meilleur qu'attendu au troisième trimestre, a annoncé jeudi avoir renforcé sa provision pour litiges de 65 millions d'euros, sans en préciser l'affectation.

La banque avait indiqué cet été avoir transmis son dossier aux régulateurs américains dans le cadre d'une enquête sur d'éventuelles infractions à la loi sur les paiements en dollars vers des pays soumis à embargo, une affaire similaire à celle qui a valu des sanctions record à sa concurrente BNP Paribas.

« Nous avons eu une première rencontre (avec le régulateur) et nous continuons à discuter », a indiqué Jean-Paul Chifflet, directeur général de Crédit Agricole SA, lors d'une conférence téléphonique. Jean-Paul Chifflet a expliqué ne pas savoir quand se dénouera ce dossier qui est aux mains de la justice américaine. Evoquant BNP Paribas, qui a dû s'acquitter d'une amende de 6,6 milliards d'euros, le directeur général a estimé que les dossiers n'étaient pas comparables.

La nouvelle provision de 65 millions d'euros, calculée selon une « posture conservatrice », selon Jean-Paul Chifflet, porte le total des provisions pour litiges du groupe à 1,1 milliard d'euros.

Le Crédit Agricole risque une amende de 650 millions de dollars

Selon une source interrogée par l'agence Bloomberg, Crédit Agricole risquerait une amende de l'ordre de 650 millions de dollars dans cette affaire.

Le groupe a par ailleurs publié des résultats en hausse pour le troisième trimestre : Crédit Agricole SA, entité cotée de la banque verte, a dégagé un bénéfice net de 758 millions d'euros, en progression de 4%. Les analystes interrogés par Bloomberg tablaient sur un bénéfice de 733 millions d'euros en moyenne. Au niveau du groupe Crédit Agricole, qui intègre la totalité du résultat des caisses régionales, le bénéfice net a progressé de 2% sur le trimestre, à 1,46 milliard d'euros. Sur neuf mois, le bénéfice net du groupe baisse toutefois de 6,6% (-13,2% pour CASA), en raison de pertes et de dépréciations liées aux déboires de la banque portugaise Banco Espirito Santo (BES) dont le groupe français était actionnaire.

« Nous avons aujourd'hui traité et purgé complètement les montants en jeu », a précisé Jean-Paul Chifflet, ajoutant que le groupe attendait les conclusions de l'enquête portugaise pour engager d'éventuelles poursuites contre les anciens dirigeants de la banque, sauvée de la faillite et restructurée par l'Etat portugais cet été.

Sur le plan opérationnel, Crédit Agricole SA a fait état pour ce trimestre d'une bonne résistance des revenus des métiers, notamment dans la gestion d'actifs, l'assurance et la banque de proximité à l'international.