Le président du conseil d'administration de BNP Paribas Baudouin Prot s'est dit « fatigué » mardi par les attaques publiques dont font l'objet les banques françaises, deux jours après le discours du socialiste François Hollande, qui a promis une réforme bancaire en cas d'élection.

«  Je commence vraiment à être fatigué d'entendre les gens dirent  : l'industrie bancaire ne change pas  », s'est insurgé Baudoin Prot, lors d'une conférence organisée par l'hebdomadaire The Economist, affirmant que «  tout a changé, et à un rythme sans précédent  ». Il a notamment cité le nouveau cadre réglementaire dit Bâle III, qui entrera progressivement en vigueur à compter de 2013 et impose aux banques de renforcer sensiblement leurs fonds propres.

Quant au sujet sensible des crédits, «  l'idée selon laquelle les banques françaises n'ont pas très bien financé l'économie depuis le début de la crise est erronée  », a-t-il martelé, rappelant que le rythme de progression des crédits en France en 2009, 2010 et 2011 a été supérieur à celui de la zone euro et des Etats-Unis.

Pour un crédit «  responsable  »

«  Nous n'avons pas besoin que l'on nous demande de faire des crédits à nos clients. C'est notre métier  », a-t-il exhorté. Mais «  quand vous faites de mauvais prêts, vous arrivez au subprime (les crédits à risque consentis à des ménages souvent insolvables aux Etats-Unis)  », a-t-il fait valoir, plaidant pour un crédit «  responsable  ».

Il a également tenu à souligner que les banques françaises n'avaient «  pas coûté un centime au contribuable  », le plan de soutien au secteur ayant même rapporté 2,7 milliards d'euros, selon les chiffres du ministère de l'Economie.

La patron de BNP Paribas a indirectement répondu à François Hollande qui, lors de son premier grand discours de candidat, a promis de faire voter une loi séparant la banque de détail des activités de marché au sein des établissements français, et regretté qu'en matière financière, «  les promesses de régulation, les incantations du plus jamais ça (soient) restées lettre morte  ».