L'innovation pourrait menacer l'industrie financière et être générateur de « fragmentation sociale » si les plus démunis ne peuvent accéder aux nouveaux moyens de paiement, a estimé vendredi le gouverneur de la banque de France, François Villeroy de Galhau.

« La profusion actuelle de nouvelles technologies, de normes et de protocoles » constitue « un risque potentiel de fragmentation des marchés », en raison de leur manque d'interopérabilité, a dit le gouverneur lors d'une conférence sur l'innovation des moyens de paiements. Cela « pourrait conduire à une certaine fragmentation sociale, si les nouveaux moyens de paiement sont moins accessibles aux plus démunis », a-t-il aussi averti. Ces dernières années, les moyens de paiement se sont largement dématérialisés notamment via les technologies mobiles, en particulier les smartphones dont le coût peut dissuader une partie de la population.

Outre les problèmes de fraude et de sécurité, « l'innovation technologique pourrait menacer la stabilité financière sur le long terme, en raison du processus d'automatisation accrue que nous observons ces dernières années », a ajouté le gouverneur. Parmi les technologies épinglées par le gouverneur, le trading haute fréquence qui, selon lui, en plus d'une « utilité économique (...) contestable », « pourrait nuire à la capacité de résistance des marchés financiers en cas de tensions ».

Les risques liés à la blockchain

Egalement visés, de nouveaux services tels que les « contrats intelligents intégrés à une blockchain », susceptibles de « créer de nouveaux mécanismes de transmission des chocs » ou de déboucher sur « de nouvelles formes d'interdépendances » et « être une source potentielle d'instabilité financière », a-t-il ajouté. La technologie de la blockchain – vaste registre numérique partagé permettant de tracer et de sécuriser des échanges, notamment financiers – fait l'objet actuellement d'un investissement des majeures banques mondiales qui en espèrent des économies d'échelle de grande ampleur de manière plus sécurisée.

Un consortium de plus 70 institutions financières internationales comprenant entre autres Morgan Stanley, HSBC, UBS, Credit Suisse, Barclays, Société Générale, CommerzBank s'est associé depuis 2015 à la start-up R3 pour développer l'utilisation de la blockchain dans le système financier mondial via des applications commerciales.