Malgré deux baisses de taux à venir en 2024, la première dès le 1er février, le Livret d'épargne populaire, restera, comme en 2023, le compte épargne le mieux rémunéré du marché français. Explications.

De 6% à 5% le 1er février prochain puis, sans doute, à 3,5% le 1er août... C'est aujourd'hui la trajectoire probable du taux du Livret d'épargne populaire en 2024. Si elle se confirme, le rendement moyen du LEP pourrait tomber à 4,46% cette année, contre 5,93% en 2023. Une déception, sans doute, pour les 2 millions de Français qui ouvert un compte en 2023, attiré par sa rémunération exceptionnelle, le double de celle du Livret A, et la possibilité, depuis le 1er octobre dernier, d'y placer 10 000 euros, contre 7 700 euros auparavant.

LEP : combien d'intérêts allez-vous perdre avec la baisse du taux en 2024 ?

Un rendement réel largement positif

Qu'ils se consolent : faire confiance au LEP pour placer son épargne de précaution va rester une excellente affaire. Et ce pour au moins 2 raisons.

La première : malgré cette baisse, le rendement réel du LEP, corrigé de l'inflation, va rester largement positif et même meilleur qu'en 2023. En clair, malgré la baisse du taux, pas de perte de pouvoir d'achat pour l'argent placé sur un LEP. Regardons les chiffres. L'INSEE, en charge du calcul mensuel de l'indice des prix à la consommation, table actuellement sur une inflation moyenne de 2,5% environ au 1er semestre 2024, en forte baisse par rapport à 2023 (4,9% en moyenne annuelle). Le rendement réel d'un LEP à 5% sera donc encore de +2,5%. Beaucoup, beaucoup plus, par exemple, qu'au 1er semestre 2023, lorsque le LEP rapportait déjà 6%, mais que l'inflation moyenne approchait des 5,6%.

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Aucun rival parmi les livrets d'épargne

Seconde raison pour faire confiance au LEP malgré la baisse : il n'y a, de toute façon, pas moyen de trouver mieux ailleurs.

Outre sa rémunération, le LEP présente, en effet, deux gros avantages : le capital placé est 100% protégé et l'argent placé est disponible à tout moment. Or aucun produit d'épargne aux caractéristiques comparables ne peut rivaliser.

Côté livrets réglementés, le Livret A et le LDDS rapportent 3% et n'iront pas plus haut : leur taux a été bloqué jusqu'en janvier 2025, sur décision gouvernementale. Même le Livret Jeune, réservé aux 12-25 ans, ne fait pas beaucoup mieux. Pourtant, les banques sont libres de fixer sa rémunération à leur guise, à condition qu'elle soit au moins égale à celle du Livret A. Dans les faits, toutefois, les plus généreuses ne dépassent pas 4% actuellement, et le rendement moyen est de 3,56%, selon la Banque de France. Rien qui puisse faire de l'ombre du LEP, au moins au cours des 6 prochains mois.

Côté livrets bancaires fiscalisés à taux de marché, on est également très loin du compte. Pourtant, la hausse historique des taux directeurs de la Banque centrale européenne (et notamment de la facilité de dépôt, 4% actuellement) aurait dû encourager les banques françaises à partir à la chasse aux liquidités. Cela n'a pas été le cas : selon la Banque de France, le rendement moyen de ces livrets dits « ordinaires » plafonnaient, en novembre dernier, à 0,83% ! Et encore : il s'agit d'un taux brut. Net de PFU, il tombe à 0,58%. Cela ne risque pas de changer : sauf catastrophe, les taux de la BCE n'iront pas plus haut, a confirmé Christine Lagarde, la présidente française de l'institution monétaire.

Finalement, seules quelques banques en ligne et établissements de crédit spécialisés ont vraiment joué le jeu de la hausse des taux. Sans rivaliser avec le LEP, cependant : les meilleurs livrets actuels affichent une rémunération brute de 3,34% sur un an, offre de bienvenue compris, soit 2,34% net de PFU. Leur seul atout, finalement, est leur plafond de versement, qui se chiffre en millions d'euros (quand il n'est pas illimité), contre 10 000 euros pour le LEP.

Le comparatif des offres sur les meilleurs livrets bancaires