La hausse de la rémunération annoncée en fin de semaine par Bruno Le Maire aura un impact financier pour les banques. Près d'un milliard d'euros par an selon les calculs de plusieurs experts.

La hausse du taux du Livret A à 1% au 1er février n'a pas réjoui tout le monde : les banques font grise mine car elles doivent en assurer une partie de la rémunération. Selon les calculs de Fitch Ratings, cité par Les Echos, la hausse du Livret A pourrait coûter jusqu'à 920 millions d'euros aux banques françaises. Un montant quasi équivalent à celui avancé par Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management.

« Les banques vont devoir payer un taux d'intérêt de 1%, plutôt que de 0,5% avant, sur la partie de la collecte des livrets A et des LDDS qu'elles gardent elles-mêmes. Cette partie est de 40,5% des encours. Le reste des encours est cédé à la Caisse des dépôts qui doit payer elle-même les intérêts. En novembre 2021, l'encours du livret A était de 343,4 milliards d'euros. L'encours du LDDS était de 125,2 milliards d'euros. C'est donc un total de 468,6 milliards d'euros pour les livrets A et LDDS. La partie gardée par les banques est de 189,8 milliards d'euros. Le supplément de 0,5% d'intérêt à payer implique donc une augmentation annuelle du coût des banques de 949 millions d'euros. (...) Les banques risquent bien de réaliser des pertes accrues sur les livrets A et LDDS », détaille l'expert.

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Une perte aussi pour l'Etat

Cette mesure, qualifiée par certains observateurs de politicienne à l'approche de la présidentielle va aussi peser sur les finances de l'Etat. « Financer la surémunération du Livret A par rapport aux taux de la BCE, cela creuse les déficits publics », résume Cyril Blesson, macro-économiste et associé au sein du cabinet PAIR Conseil.

En effet, les livrets d'épargne réglementés bénéficient d'une fiscalité très avantageuse. Selon l'estimation de l'Observatoire de l'épargne réglementée de la Banque de France, le manque à gagner lié à l'avantage fiscal et social accordé à l'épargne réglementée équivalait ainsi en 2020 à un effort financier de l'Etat de 1,177 milliard d'euros. Un montant qui va s'accentuer dès les prochaines semaines.

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