Le groupe Action Logement, géant de la production de logements sociaux et des aides à la mobilité des salariés, va investir 14,4 milliards d'euros sur cinq ans pour soutenir le secteur, selon la nouvelle convention quinquennale signée vendredi avec l'État à Matignon.

Dotée d'une enveloppe en légère baisse par rapport à la précédente (15,2 milliards pour la période 2018-2022), cette convention 2023-2027, qui devait être signée initialement il y a six mois, signe toutefois la fin de la contribution d'Action Logement au Fonds national des aides à la pierre (Fnap).

Le gouvernement, régulièrement accusé de piocher dans les caisses de l'ex-1% Logement, a en effet accepté une « ultime » contribution du groupe en 2024 à hauteur de 150 millions d'euros, soit moitié moins que les 300 millions sur lesquels il tablait initialement.

Sur l'enveloppe globale, 5,5 milliards serviront à financer les bailleurs pour la construction et la réhabilitation de logements sociaux et intermédiaires. Le groupe table ainsi sur la construction de 200 000 nouveaux logements en cinq ans et sur la réhabilitation de 200 000 autres.

Deux fois plus de bénéficiaires pour la garantie Visale

L'accompagnement des salariés, deuxième grand domaine d'Action Logement, bénéficiera lui de 3,7 milliards d'euros, tandis que 5,25 milliards seront dédiés aux politiques publiques, dont 3,8 milliards pour l'Agence nationale de la rénovation urbaine et un milliard pour « Action cœur de ville ».

« On donne clairement un boost à la construction de logements neufs et à la réhabilitation », a indiqué Matignon lors d'un point presse. « La différence (avec la précédente convention), c'est la prise en compte de la dimension écologique et bas carbone dans l'ensemble de nos interventions », a indiqué de son côté la directrice générale d'Action Logement Nadia Bouyer.

Concrètement, la nouvelle convention doit bénéficier à quatre millions de ménages. La garantie Visale, qui aide des salariés à louer un logement en leur octroyant une caution, passera notamment de 900 000 à 2,1 millions de bénéficiaires. Cette garantie bénéficie essentiellement à des jeunes de moins de 30 ans mais devrait être bientôt élargie aux travailleurs saisonniers et aux indépendants.

Autre nouveauté, les prêts d'accession à la propriété dans le neuf et les programmes de vente HLM seront ramenés à 1%, contre 1,5% actuellement, pour aider les primo-accédants. « Cette convention, c'est le succès de la concertation et du dialogue social pour trouver un accord, bénéfique à nos concitoyens », a déclaré dans un communiqué la Première ministre Elisabeth Borne.

« Cela a été une négociation difficile, exigeante, longue, mais qui, au final, a porté ses fruits, parce que les ambitions restent fortes, l'ambition globale élevée et le ciblage plus précis », a déclaré à l'AFP le président d'Action Logement Bruno Arcadipane. Il était « nécessaire que cette convention soit conclue après tant d'attente incompréhensible », a estimé de son côté Emmanuelle Cosse, présidente de l'Union sociale pour l'habitat, qui représente les bailleurs sociaux.

Mais cette signature « ne règle rien à la question du financement de la production de nouveaux logements sociaux », a-t-elle ajouté, le gouvernement devant admettre « qu'il doit revenir dans le tour de table du financement du logement social ». « Cette convention sécurise le rôle d'Action Logement et sa gestion paritaire du +1%+ logement », a salué la CGT dans un communiqué.

Ce nouvel accord intervient moins de deux semaines après la conclusion du Conseil national de la refondation sur le logement, dont les annonces avaient unanimement déçu les professionnels du secteur. Codirigé par patronat et syndicats, financé par une contribution sur les entreprises (PEEC), Action Logement gère plus d'un million de logements sociaux, et pilote des aides à la mobilité professionnelle.