Dans ses solutions pour « aider ceux qui veulent devenir propriétaires mais n'y arrivent pas », le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a assuré vouloir mener des discussions avec les banques autour de la mise en place d'un nouveau prêt hybride, en citant notamment le crédit hypothécaire. Si ce type de financement peut avoir un intérêt pour certains investisseurs, il n'est aujourd'hui pas une solution miracle pour les primo-accédants.

« Nous devons redonner du pouvoir d'achat immobilier aux Français. Trop de ménages essuient un refus, les banques doivent fournir des efforts. Cela passe par de nouveaux dispositifs de financement, je pense aux prêts « in fine » ou « hypothécaires », comme cela existe déjà en Suisse où ça fonctionne très bien. Nous allons rencontrer l'ensemble des acteurs du secteur bancaire fin février pour en discuter. »

Un nouveau crédit hybride à l'étude

Pour relancer un marché immobilier partiellement bloqué à cause notamment de la forte hausse des taux de crédit sur les derniers mois, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu joue la carte du nouveau type de prêt immobilier, à cheval entre le prêt « classique », le crédit in fine et le prêt hypothécaire. « Le principe est simple, expliquait Christophe Béchu dans les colonnes du Parisien ce lundi. Vous voulez acheter un bien, vous souscrivez un crédit sur 20 ou 25 ans non pas sur 100% du prix mais sur 80%, que vous remboursez classiquement au fil du temps. Les 20% restants demeurent sous forme d'hypothèque sur lesquels vous ne remboursez que les intérêts et non le capital. »

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« Sur le principe, c'est une très bonne idée, salue Boris Intini, Directeur général de PraxiFinance, spécialiste du crédit hypothécaire depuis plus de 30 ans. Le problème, c'est que c'est une solution qui n'existe aujourd'hui que très peu en France. La discussion qui aura lieu à la fin du mois avec les acteurs bancaires est une manière de faire un tour de table, et une opportunité pour les banques de mettre en avant de nouveaux produits. Mais il ne faut pas s'attendre à ce qu'un nouveau prêt arrive dès mars pour tout changer. »

« Il ne faut pas s'attendre à ce qu'un nouveau prêt arrive dès mars »

La mise en place d'un prêt de ce type peut-elle vraiment fluidifier le marché immobilier ? « On s'écarte un petit peu de l'idée principale qui est de donner la possibilité aux primo-accédants de devenir propriétaire, concède Boris Intini. Cependant, il y a une partie de la population qui pourrait mettre en œuvre leur projet grâce à ce système, notamment les personnes déjà propriétaires d'une résidence principale qui souhaiteraient faire de l'investissement locatif mais qui auraient essuyé un refus de la banque sur un prêt classique à cause de leur âge pas exemple. Cela permet d'étendre son patrimoine immobilier plus que d'en créer un. »

Un coût plus élevé

Enfin, « le coût d'un prêt hypothécaire est plus élevé que pour un prêt avec un organisme de cautionnement, estime de son côté Maël Bernier, directrice de la communication de Meilleurtaux. De plus, cela demande certains ajustements. Il serait étonnant que les banques acceptent de financer un crédit qui serait couvert à 80% par une société de cautionnement et à 20% par une hypothèque. »

De leur côté, les établissements bancaires avaient déjà partagé leurs sérieux doutes sur l'idée du ministre en début de semaine, questionnant via la Fédération bancaire française (FBF) le parallèle suisse et avançant le prix élevé pour l'emprunteur. Ils auront l'occasion d'en discuter avec le ministre à la fin du mois.