Alors que l'inflation est toujours forte et que le remboursement d'un crédit immobilier pèse lourd sur le budget des ménages, il existe une solution pour faire baisser le coût de son emprunt : changer d'assurance emprunteur. Une possibilité facilitée depuis l'entrée en vigueur il y a un an de la Loi Lemoine. Et qui permet de réaliser des milliers d'euros d'économies. Explications.

C'est une révolution pour les emprunteurs qui fête ce jeudi son premier anniversaire. La loi Lemoine qui permet de changer d'assurance emprunteur à tout moment est en effet entrée en vigueur, il y a tout juste un an, le 1 er juin 2022 pour les nouveaux crédits immobiliers, puis ensuite au 1er septembre pour les prêts en cours.

Une opportunité dont se sont saisis de nombreux particuliers alors que la forte hausse des taux immobiliers ces derniers fois font grimper le coût du crédit. En 9 mois, Meilleurtaux a ainsi enregistré plus de 100 000 demandes de changement d'assurance.

« L'arme absolue pour faire baisser le coût de son crédit »

« Changer d'assurance emprunteur est l'arme absolue pour faire baisser le coût de son crédit immobilier. Il est ainsi possible d'économiser plus de 17 000 euros en moyenne, soit près de 100 euros par mois pour un prêt sur 15 ans par exemple. Plus la durée du prêt est longue, plus le montant de l'emprunt est élevé, et plus les économies à réaliser sont importantes », explique Maël Bernier, la porte-parole du courtier Meilleurtaux.

« Alors que la hausse des taux a fait perdre en un an 20% de capacité d'emprunt à ceux qui ont réussi à décrocher leur financement bancaire, la loi Lemoine leur permet de regagner immédiatement quelques précieux points de pouvoir d'achat », abonde Astrid Cousin, la porte-parole de Magnolia.fr. Le courtier annonce d'ailleurs avoir permis à 70 000 ménages de changer d'assurance depuis un an.

« L'objectif premier, qui était de rendre du pouvoir d'achat aux ménages est atteint »

Dans un récent entretien accordé à MoneyVox, la députée Patricia Lemoine à l'origine de cette réforme, saluait d'ailleurs les effets de la nouvelle réglementation : « l'objectif premier, qui était de rendre du pouvoir d'achat aux ménages, est atteint ». En effet, jusqu'ici, les différentes évolutions réalisées au cours des dernières années n'avaient pas permis de libéraliser l'assurance emprunteur, un secteur qui représente 7 milliards d'euros de chiffres d'affaires par an pour 7 millions de foyers assurés et sur lequel les banques ont la mainmise avec plus de 80% de parts de marché.

La réplique des banques

Si la résiliation à tout moment de l'assurance de prêt, « fluidifie largement le marché de l'assurance de prêt, par mesure de rétorsion, le monde bancaire a rendu encore plus difficile la délégation d'assurance : nous constatons que le taux d'acceptation de délégation au moment de l'octroi du prêt a chuté de plus de 30% en un an », explique Astrid Cousin.

« Aujourd'hui, avec la hausse des taux, il est très difficile de prendre une assurance autre que celle proposée par la banque qui accepte de vous faire un crédit immobilier. Comme il y a peu d'établissements qui prêtent, le client n'a souvent pas d'autre choix que d'accepter l'assurance de sa banque », confirme Maël Bernier.

Une solution prisée des ménages urbains et aisés

Dans ce contexte, les emprunteurs sont donc souvent obligés de renégocier leur assurance de prêt dans un second temps. Mais grâce à la loi Lemoine, cette option peut être activée à tout moment alors qu'avant, elle était possible seulement durant la première année du contrat, et ensuite chaque année à la date anniversaire.

Pour autant, cette réforme ne profite pas encore au plus grand nombre. Selon Maël Bernier, elle est davantage utilisée « par les ménages urbains très informés avec des revenus moyens qui dépassent les 5 000 euros par mois. En milieu plus rural, le lien entre les banques locales et leurs clients est souvent plus fort. Le banquier n'hésitera pas à jouer sur la corde sensible avec son client qui souhaite changer d'assurance emprunteur. »