Parmi les coûts du crédit immobilier, l'assurance emprunteur peut parfois peser lourd. Faut-il alors forcément la prendre ? Si dans les textes, rien n'empêche de souscrire un prêt immobilier sans, la réalité est toute autre.

Une baisse de 34,7% sur les mois d'août et septembre par rapport à ces deux mêmes mois de l'année dernière : les temps sont difficiles pour la production de crédit immobilier. En cause, la hausse des taux d'intérêts, mais également pour certains emprunteurs (notamment à partir de 50 ans) une assurance de prêt très coûteuse avec parfois pour conséquence de passer au-dessus du taux d'usure, le taux maximum auquel une banque peut prêter.

Cette assurance peut être soit souscrite auprès de la banque prêteuse (on parle alors de contrat groupe), soit auprès d'un assureur alternatif (souvent bien moins cher).

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Mais alors, cette assurance emprunteur est-elle obligatoire ? Si la Banque de France rappelle que « aucune disposition légale n'impose qu'un emprunteur soit assuré », une chose est sûre : très rares sont les établissements bancaires à accorder un crédit sans ce fameux sésame. Ainsi, selon Astrid Cousin, porte-parole de l'assureur Magnolia citée par les Échos, 98% des crédits en cours en France disposent d'une assurance emprunteur. « Aucun texte législatif ne la rend obligatoire, mais rien n'oblige non plus la banque à vous prêter de l'argent, détaille Émilie Ruben, porte-parole de la compagnie d'assurance Sécurimut. Elle peut donc mettre des conditions supplémentaires à l'obtention du prêt, et la prise d'assurance est en général l'une d'elles. » Un avis confirmé par le site service-public.fr, qui note que « c'est à partir du moment où vous aurez obtenu l'accord d'un assureur que la banque acceptera de vous faire une offre de prêt. »

Dans les faits donc, selon une analyse de l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) sur le financement de l'habitat en 2021, 91,4% des prêts sont couverts par l'assurance décès. En effet, l'assurance emprunteur peut couvrir le décès de l'assuré (dans près de 92% des cas donc), la perte totale et irréversible d'autonomie (PTIA, environ 85% des prêts couverts) et plus rarement la perte de l'emploi (environ 2%, toujours selon les chiffres de l'ACPR).

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Une protection pour l'emprunteur et sa famille

Qui sont les emprunteurs qui peuvent se passer d'assurance ? Il s'agit par exemple des gros investisseurs locatifs, qui possèdent déjà plusieurs biens qu'ils ont terminé de rembourser. « Si vous avez un bien immobilier d'un même montant que l'opération que vous voulez financer, vous pouvez mettre ce dernier en garantie », développe Émilie Ruben.

Bien souvent, pourtant, les établissements bancaires demandent les deux : en plus de l'assurance emprunteur, la banque demande une autre garantie, qui passe soit pas un organisme de cautionnement, soit par une hypothèque. « Objectivement, une hypothèque ou un cautionnement pourrait suffire », assure Emilie Ruben. Mais dans le cadre d'une hypothèque non-couplée à une assurance emprunteur, la banque peut saisir votre bien pour se rembourser en cas de défaut de paiement, et ce peu importe la raison de ce dernier. L'emprunteur risque donc de perdre son bien, alors que l'assurance emprunteur va permettre de le conserver en cas d'accident de la vie.

Vous l'aurez compris, si elle bloque aujourd'hui certains emprunteurs, l'assurance emprunteur est avant tout une sécurité pour celui qui emprunte, comme pour sa famille. En cas de décès ou de perte totale et irréversible d'autonomie de l'emprunteur, l'assureur se substituera à lui pour le remboursement du capital dans la limite de la quotité assurée. Prenons l'exemple d'un couple qui aurait emprunté 200 000 euros avec une quotité de 50% par tête. En cas de décès de l'un des deux emprunteurs, l'assureur prendra le relais et remboursera 50% de la somme restante sur le crédit.

Reste que l'assurance emprunteur ne doit pas forcément coûter une fortune. Depuis le 1er septembre 2022, grâce à la loi Lemoine, il est possible de changer d'assurance emprunteur à tout moment, sans attendre la date anniversaire de votre contrat, et ainsi réaliser des économies.

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